Il y a des jours où rien ne va.
Il y a des jours où la seule idée de se lever de son lit nous donne la nausée.
Il y a des jours où l’on a le blues.
Le blues de l’expat !
L’aveuglement de la lune de miel
Petit rappel pour ceux qui me suivent.
Je suis né en Pologne. J’ y ai vécu à peine 4 ans. Je suis parti suivre ma mère en France. Je revenais tous les étés dans ce pays, chez mes grand-parents.
Sous le prisme de l’enfance et de la mémoire sélective, on ne garde que les meilleurs souvenirs. On ne gratte pas la croute de la réalité. On ne cherche même pas à savoir. L’été, l’optimisme de l’adolescence, l’insouciance relative de ces temps là (pas de 11 septembre, de terrorisme généralisé, de crise économique planétaire, pas d’infos en continu… une sorte de calme avant la tempête) Il me semble que tout allait plus lentement alors, dans mon pays d’enfance.
La Pologne était dans mon esprit une charrue tirée par un bœuf fatigué. La Pologne était ce grand-père qui vous sert un chocolat chaud après une journée de folie passée dans la neige et vous raconte une histoire au coin du feu… elle était cet idéal dans lequel je me réfugiais alors que certains petits écoliers me traitaient parfois de sale polonais dans la cour de récré. (j’avais alors en commun ce vibrant accueil avec la seule famille d’algériens de mon village)
Et puis j’ai grandi et j’ai ouvert mes yeux par la force des choses et du temps.
La prise de conscience
En Pologne, il y a une chose immuable : la mauvaise qualité des routes. (et la mauvaise foi des politiques mais ça c’est partout^^)
Pour le reste, la Pologne est aujourd’hui un chantier. Un grand chantier. Le nouveau remplace le vieux ou le restaure. Finis le gris, place aux couleurs. Fini la morosité, place au sourire forcé du gagnant et de l’ambitieux. La Pologne changeait aussi à mesure que les années passaient. Dans l’enclave de la petite ville de ma grand-mère, ces mutations étaient imperceptibles mais il n’y a pas de place pour la résistance gauloise face à la modernisation. Il n’y a pas de place pour la nostalgie.
Les souvenirs devenaient diffus à mesure que les étés passaient. J’avais toujours en moi l’envie de connaitre ce pays qui m’a vu naitre. De manier sa langue, de voir les saisons qui passent. Un nom comme le mien vous renvoie toujours à vos origines. Le prénom aussi d’ailleurs. Pourtant, ce n’est pas en recevant ma carte d’identité française que je me suis senti plus français.
Paradoxe, c’est en quittant la France et en vivant ailleurs que j’ai compris que j’étais bel et bien français. Connaitre quelques versets de la Marseillaise n’avait pas suffit, y avoir étudié et vécu non plus… Il faut parfois quitter ce qui nous a toujours semble nôtre pour nous rendre compte à quel point on y tenait. C’est avec le choix de l’expatriation que j’ai appris à aimer la France comme jamais jusque là. Parce qu’elle ne nous est plus acquise et qu’elle ne le sera plus. Parce qu’elle prend du sublime en devenant notre amante durant de courts séjours. Parce que le voile de la distance nous cache ses petits défauts avec lesquels nous vivions chaque jour.
Dorénavant, lorsque je me promène sur la place du marché- rynek- et que j’entends quelques mots de français, je souris.
Partir ou s’adapter : confrontation avec la réalité
Oedipe a tué son père, moi je me suis confronté à la réalité polonaise et j’ai en tué l’image lisse que j’en avais.
En quelques déménagements (5, je suis un nomade de l’appartement et l’échéance pour prévenir le propriétaire polonais n’est bien souvent limitée qu’à un mois), j’ai vécu un peu partout autour de Wroclaw. De la campagne, en passant par les quartiers peu recommandables, au centre-ville ou je réside depuis peu.
Il y a ce fossé de pauvreté auquel je me suis confronté. Cette déchéance due à l’alcool aux drogues et a la misère. Ces maux qui existent partout dans le paysage polonais et que je n’avais jamais vraiment voulu voir.
Il y a cette Pologne dynamique et cette Pologne oubliée. Celle des gens qui n’iront jamais de l’avant car ils n’ont jamais pu s’adapter et qui subissent les changements. Un mal nullement national mais terriblement attristant. Ces gens la n’apprécient pas les étrangers, ces gens là me regardaient de travers lorsque mon polonais trahissait parfois ma nationalité. C’était comme un second rejet. Petit, en France, j’étais parfois le sale polonais. Devenu français et adulte, j’étais le sale français en Pologne.
Et puis il y a l’administration polonaise qui comme toute administration, a le pouvoir de vous broyer dans un dénouement kafkaïen. Le document A est nécessaire pour obtenir le document B mais pour obtenir le document A il faut le document B qui ne s’obtient qu’avec le document C obtenu par une copie du document B envoyé par une autre administration. On surnage, on résiste, on apprend à en rire et on s’adapte pour ne pas fuir.
Le pire dans l’expatriation : la solitude
La solitude en soi, dans son propre pays est, pour la majorité d’entre nous, peu supportable. Nous sommes des êtres sociables, on doit se sentir lié à quelqu’un. Lorsque l’on ne maitrise pas parfaitement la langue du pays dans lequel nous sommes, on a parfois cette timidité qui nous pousse à rester en retrait.
Les conversations plus profondes sont mises de côté pour laisser place à de vagues pronostiques météo.
On risque alors de s’enfoncer dans le mutisme si on ne se fait pas violence.
Cette solitude parfois subite,parfois voulue, ainsi que le mal du pays nous pousse naturellement à chercher du réconfort avec nos compatriotes. Ce qui n’arrange en rien notre utilisation de la langue du pays d’accueil. Voilà là une autre source des raisons du retour. Il faut se créer un tissu social ou plutôt se recréer ce tissu social car Facebook et skype ne maintiennent pas de vrais liens. L’amitié se vit au réel, elle ne s’invente pas dans le virtuel.
En fait, il faut tout recommencer, se remettre au travail. Ne pas fuir se réfugier dans son cocon. C’est mon choix et cela le restera.
C’est un petit pas avant d’autres contrées. Je ne compte pas vivre seulement en Pologne. Je veux vieillir un peu au Japon, en Autralie, aux Etats-Unis, en Angleterre… dans ce mystérieux “ailleurs” qui englobe tout et ce, après le tour du monde. Je dois apprendre à me confronter aux difficultés car si j’échoue ici alors je devrai stopper l’aventure. Or, je ne veux pas stopper l’aventure.
La vie est un voyage dont on connait tous la dernière étape. Mais d’ici là, libre à nous de choisir les ports où l’on veut s’arrêter.
Je lis ton blog de temps à autres, et cet article que je viens de découvrir fait écho à ce que j’ai ressenti la première fois que je suis partie à l’étranger pour m’installer : j’ai découvert ce que c’est que d’être française. Avant je croyais que parce que j’avais grandi dans un quartier multi-culturel et que je connaissais un certain nombre d’immigrés, j’étais une citoyenne du monde et que je m’adapterai à toute culture où que j’aille … Quelle illusion et quelle prétention. J’ai découvert mon identité, j’ai appris que je ne savais rien, que je croyais seulement savoir et que rien n’est tout blanc ni tout noir ailleurs … Que les livres d’écoles ne sont que des petites fenêtres sur le monde … Mais assez intéressantes pour attiser ma curiosité et me pousser à partir 🙂 Bonne route. Perrine
A chaque voyage, on en apprend un peu plus sur soi-même. On découvre les limites de son ouverture culturelle, de sa résistance su stress, aux imprévus…
Il me semble te l’avoir déjà dit dans ton article sur ton court retour à Paris, tu as vraiment un style très agréable à lire, tu devrais écrire un bouquin. Tu as fait une filière littéraire?
Moi aussi vivant l’expatriation depuis plus de 2 ans je comprends bien ce que tu veux dire, mais quand je rentre à Paris je me rappelle immédiatement pourquoi je suis parti, je hais le quotidien dans cette ville. Finalement, la France, est-ce que ce n’est pas ce qu’on en choisit? Sa famille, ses amis, quelques grands auteurs dans son baluchon, deux-trois recettes de grand-mère et les matchs des bleus à la télé (si on aime le foot)…
@et si on redevenait nomade?: Ce n’est pas un manque qu’on ravive exprès, la bouffe c’est un truc primal qui remonte à l’enfance (cf Proust), ça te vient tout à coup comme ça, ça ne se contrôle pas. Même en ayant choisi son expatriation et en la vivant bien. Si tu n’as pas passé ton enfance en France c’est normal que tu ne comprennes pas ces expatriés 😉 (d’autant que dans le tas, ne l’oublions pas, il y a en certains qui ont du suivre leur conjoint donc l’expatriation n’était pas un choix).
S’il suffisait d’aligner quelques jolies phrases pour prétendre savoir écrire alors nous sommes tous écrivains 😉
Je viens d’une filière plutôt scientifique mais merci du compliment !
J’ai aspiré au rêve d’écrire un temps…
Tu as certainement raison concernant le baluchon.
Un peu de vin et de fromage
Un pot de moutarde de Dijon dans les bagages
Quelques belles métaphores pour la route
Et voila que notre âme de français se réveille
Sans compter, Piotr mon ami, que les voyages forment la jeunesse à ce qu’on dit! Et comme nous nous imprégnons le plus en vue de notre vie future au moment de notre tendre enfance, ça explique souvent les adultes que nous sommes devenus aujourd’hui. C’est un plus au bout du compte!
Bonjour,
Moi je n’ai rien vécu de tel mais je tenais à vous dire que j’ai beaucoup aimé votre article …
Sylvie
bonjour
Un belle article avec beaucoup d’émotion… Je suis partie vivre, pour rejoindre ma campagne au Costa Rica il y a 6 mois seulement, et jusqu’à maintenant… je ne ressent pas le blues du départ, de la France… et de la famille !!! “Merci Skype…”
Mais c’est vrai que parfois je pense a cela pour moi pour dans quelques années ; donc je suis très content de lire ton histoire et l’impression de chacun dans les commentaires…
Pour le moment, j’ai la positive attitude et j’aime l’idée du voyage 🙂
A bientôt,
Vincent
Je partage totalement ton témoignage.
J’ai l’impression d’avoir vécu pareil il y a quelques années.
Comme la moitié de ma famille est du Vietnam, je perçois comme toi plus la double culture et de manière rigolote, lorsque j’ai la barbe et suis moins bien habillé je suis plus souvent contrôlé par la police française.
Mais c’est vraiment quand tu quittes ton pays que tu sais que tu es culturellement français et qu’il est très difficile de s’en détacher.
Mais bon, c’est aussi une fantastique chance de pouvoir profiter de cette richesse culturelle. On tue un peu la magie excessive des rêves en s’expatriant et l’on en revient changé et plus humble vis-à-vis du monde.
On se dit aussi que les Français oublient parfois l’excellence de leur pays. C’est aussi ça la force d’un passeport culturel.
S’expatrierest l’expérience ultime du voyageur, c’est s’approprier la connaissance intime de la vie quotidienne d’un monde extérieur.
Bon choix que de refuser le cocon 🙂
J’ai souvent assisté au blues de l’expatrié, et ça m’a toujours laissé perplexe.
J’ai assité sur plusieurs continents à des discussion de Français sur la bouffe qui leur manque, le gout du camembert et de la tartiflette…
Je ne comprends pas bien ce besoin de raviver le manque, de penser à ailleurs quand on est ici.
Cette impossibilité de vivre le lieu présent.
Quand on est expatrié, on a choisi d’aller vivre là bas, non?
Pour ma part, j’ai vécu sur 3 continents avant mes 16 ans, et j’ai des origines en provenance des 2 autres continents. J’ai plusieurs échelles de valeurs en moi, un bouillonement de cultures.
Ceci explique certainement cela.
Au final, je me sens appartenir à l’endroit où j’habite.
Je ne me sens jamais expatriée….sauf en France! C’est tout le paradoxe! Beaucoup de gens n’y comprennent pas qu’on puisse être à la fois française, à la fois arabe, à la fois antillaise, à la fois indienne et amérindienne…Quand on vit en France, il faut être français, se comporter en français et laisser nos autres cultures de côté. Vous ne trouvez pas?
Je vis le moment présent, et j’attends de trouver ces nouveaux amis qui vont me faire sentir “chez moi “ici. Parfois il faut s’armer de patience, parfois le destin fait bien les choses.
Si j’ai de la nostalgie, c’est pour les amis laissés derrière qui ne sont pas connectés à Internet et qui ne sont pas forcément joignables par téléphone.
Je reste persuadée que des amis sincères, on peut s’en faire partout, même s’ils sont rares, sédentaire ou nomade qu’on soit.
Sinon, je sais que mes amis les plus chers, répartis aux 4 coins du monde, seront “éternellement là”,et je sais qu’ils ne m’en veulent pas d’avoir un coeur de nomade.
Un grand merci donc, pour ton article qui, tu le vois, m’inspire et me fait réfléchir 😉
(c’est un peu long, j’espère ne pas t’avoir “assomé”! ;-))
Très beau témoignage, que j’approuve! Quelle chance tu as eu de grandir expatriée… j’aurai aimé que cela soit le cas pour moi aussi!
Joli commentaire!
Mais pour répondre à ton incompréhension, l’expatriation a été une chose naturelle pour toi puisque tu l’as vécu pendant ton enfance. L’apprentissage de la langue étrangère se fait sans y penser.
L’expatriation à l’âge adulte c’est autre chose que quand on a baigné dedans petit. Personnellement, il m’a fallu pas mal d’années avant d’avoir ce sentiment de quasiment me sentir comme chez moi dans plusieurs endroits du monde.
Mais ça vaut le coup sûr 🙂
Beau commentaire en effet, et je te rejoins sur un point: c’est peut-être en France que je me sens le moins à ma place aussi…
tres bel article , et une tendre envie d en découvrir plus sur la pologne merci
Merci Suppa ^^
L’expatriation fantasmée… Jolie expression Aline.
Un bel article oui, et bien dans le ton de ce blog. Mon expérience est différente : expat’ pendant un an sur l’île Maurice (on est loin de la Pologne et de son ambiance n’est-ce pas ?), et deux ans de délocalisation sur l’île de La Réunion. Non comparable.
Néanmoins… la solitude de l’expatriation se fait tout de même sentir, par moments. Pour moi c’était à la période de Noël, même si je me réjouissais de passer la fin d’année sous les cocotiers et au chaud, je ne pouvais m’empêcher de regretter les chocolats chauds à la cannelle et les mandarines de décembre. Le créole des conversations locales s’apprend vite, certes. Mais tu n’as pas la même couleur de peau et si à Maurice on ne te le fait absolument pas ressentir, tu n’as tout de même pas les mêmes racines. Du fait que tu n’as pas partagé la même école maternelle du village d’à côté ou la même paroisse. C’est petit une île, ils se connaissent tous.
Je n’ai pas souffert de l’expatriation, je n’en garde que de bons souvenirs. Même si ces souvenirs sont liés à de la solitude. Mais celle-ci, je l’avais cherchée. Donc je ne regrette pas. Ce fut une transition, vers autre chose.
Et puis on grandit plus vite quand on est expat’. Me semble-t-il…
Merci Marie-Ange
Expatriation sur l’ile Maurice…On est loin de la Pologne oui… ^^
Le thermomètre ne descend pas aussi bas je crois 😉
Pour ce qui est de grandir en étant expatrié… avec le recul. Je dirai oui.
Un grand oui. Des choix difficiles, un peu irrévocables mais indispensables.
Noel en Pologne est par contre magique… si la famille peut se réunir 😉
Repas gargantuesques, ballades en traineau sous la neige… magique pour un enfant !
M’sieur Piotr,
je peux dire que … je reconnais cette situation. L’expatriation. Les souvenirs fantasmés du pays d’origine. Un sentiment d’appartenance particulier.
Bel article.
NowMadNow
Merci Aline… 😉
Il faudra que tu nous en parle aussi, de tes souvenirs fantasmés…
Il doit y avoir encore des phrases hautes en couleurs qui se cachent derrière ces deux jolis mots.
Comme dit Chris, la solitude fait plus ou moins parti du quotidien d’un voyageur.
Pour l’expatriation, je ne sais pas si cela est plus dur ou pas. Cela dépend du moment dans sa vie, du pays etc…
Bon, c’est un sujet complexe.
Dans mes expatriations, malgré le fait que j’étais entouré, mes amis me manquaient parfois. J’étais surtout entouré d’occidentaux. Car franchement, c’est difficile de nouer des contacts profonds et désintéressés avec des locaux. Mis à part peut-être en Europe.
Et puis oui, souvent les conversations ne sont pas très profondes.
Bon, mais tu es en couple, c’est quand même plus facile que d’être seul non?
Pour ma part, depuis 3 mois, je suis en itinérance mais je bosse en même temps. Et là, je trouve que c’est plus dur au niveau de la solitude. Car tu es entre ceux qui bougent sans cesse et les expatriés qui restent. Et comme il y a encore peu de digital nomade…
Allez, courage!
On peut aussi avoir le blues d’endroits que l’on ne connait pas… Ça m’arrive souvent. C’est cette envie de partir qui devient parfois insupportable. Tout comme on peut se sentir bien n’importe où. Ça se passe dans la tête et le coeur. A+
Hello Piotr. J’espère vraiment que ton blues va mieux. Personnellement, après trois expatriations à durée variées, je n’ai jamais eu le blues. Après, j’ai été dans des pays où le choc culturel était moins important. Chaque jour d’expatriation est pour moi une chance énorme que je savoure. La solitude, je n’ai jamais eu ce problème non plus, je suis quelqu’un qui sait s’occuper seule et surtout je me bouge pas mal pour rencontrer du monde. Bref pour l’instant, ça va, on en reparle bine sûr quand j’aurai vécu quelques mois ou plus au Japon 😉
Courage en tout cas, comme tu le sais très bien, ça en vaut la peine!
Salut Lucie,
Un nouveau projet… et ce repart comme on dit 😉
Écrire est une psychanalyse… je crois que je cite mais ma mémoire de gruyère me fait défaut.
Merci du soutien 😉
Piotr,
La solitude est un lot inhérent au voyageur. Tout le monde essaie de la dompter à sa façon, mais j’aurais pensé que les expatriés avaient beaucoup plus de facilités pour la gérer que les voyageurs qui changent sans cesse de place. A vrai dire, ton article m’a un peu étonné et m’a fait voir les choses d’une tout autre façon. Tu n’as pas cherché à te rapprocher de la communauté francophone de Wroclaw ? Voire anglophone si tu maîtrises parfaitement la langue ? De mon côté, quand j’ai le blues et le mal du pays, je cherche des compatriotes installés dans le coin où je suis, ou dans les auberges de jeunesse, ou par le Couchsurfing.
Dans tous les cas, tu as vraiment l’air d’être tiraillé entre tes origines familiales polonaises et ton enracinement culturel français. Mais dis-toi que tu as l’opportunité, la chance, l’occasion de participer au rapprochement et au changement de tes deux pays d’âme et de coeur, et peut-être que c’est en réussissant à construire (pour nous) ce pont que tu réussiras à trouver (pour toi) le bon équilibre.
Dans le mouvement Chris, tu as l’excuse du mouvement, du changement de lieu qui te fait oublier…
En même temps, le mouvement laisse aussi la place à l’introspection mais l’expatriation donne plus de liberté à la nostalgie
Un voyage, c’est plus l’émerveillement de l’instant et on ferme les yeux devant les possibles désenchantements.
Enfin, je fais peut-être des raccourcis.
Qu’en est-il selon toi ?
Concernant le pont… je crois que du haut de mes 25 ans, mes fondements sont trop fragiles pour faire un aussi grand passage mais tendre la main entre les deux cultures, ce n’est pas impossible 😉 Le tiraillement est toujours présent car faire le choix pose la notion d’exclusivité. Or, tout n’est pas ni blanc ni noir.
Qu’en est-il selon moi ? Je dirais que … Se prendre des coups, buter sur des pierres, se tromper de chemin, se perdre, se manger le bord du trottoir : tout ça, c’est le signe qu’on avance. Il n’y a que ceux qui restent immobile qui ne se prennent rien dans la tronche et ce, pour le meilleur et pour le pire.
Née à la Réunion, j’ai ensuite grandi entre l’Afrique et les Caraïbes. Pendant très longtemps, la France a été ma Pologne. Une maison quelque part dans laquelle on se retrouvait en famille l’été, où l’on échangeait autour d’un verre de vin. Et surtout, une langue, une culture et des valeurs. Quand je suis rentrée en France, j’ai compris le fossé qu’il y avait entre ma France, celle que je m’étais construire, celle dont j’avais rêvé, et celle dans laquelle mon quotidien se dessinait. Il y a eu parfois des déceptions, parfois de grands espoirs…Mais elle fait partie de moi. Je suis repartie depuis, maintenant en Australie. Demain, je ne sais pas. Mais je veux continuer à voir la France comme quand j’étais enfant ; un asile, un repos avant de repartir.
Je me retrouve beaucoup dans ton expérience. Merci de l’avoir partagé.
A bientot et bon voyage !
C’est a terme ce que redeviendra la Pologne pour moi je pense. Un asile à l’abris des tempêtes.
Dans un certains sens, la maison de ma grand-mère est toujours cet asile.
Merci Claudia d’avoir partagé ton vécu.
Bonjour Piotr
j’avais longtemps hésité avant mon tour du monde entre l’expatriation et le voyage au long cours… J’ai choisi le voyage. J’avais peur de retrouver une routine, et en plus, loin de ma famille et de mes amis. Mais je t’avoue que j’aimerais aujourd’hui repartir pour vivre à l’étranger, car ça doit aussi avoir ses avantages : découvrir en profondeur une nouvelle culture, une nouvelle langue, vivre au quotidien le pays, de nouveaux endroits, etc. En tout cas, courage, ce n’est qu’une mauvaise passe !
Merci Julien,
Si j’en parle, c’est que la mauvaise passe est derrière moi. Un déménagement au centre-ville et c’est comme reprendre un mars : ça repart ! 😉