Il y a quelque temps, je discutais avec une amie. Elle devait partir pour l’Inde. C’était sa première fois. En amoureux. Premiers pas sur le continent asiatique. En circuit touristique. Elle était toute excitée et impatiente à l’idée de partir. Une pile chargée à bloc. Elle m’arrosait de questions. Je lui partageais ma rapide expérience d’un mois, en mode backpacker solitaire, principalement au Ladakh en hiver. Ce qui fut particulier. Je suis un homme blanc, je suis parti seul, dans le nord et le froid. Façon Sylvain Tesson sans la vodka et la poésie. Forcément une expérience différente d’une femme métis dans un couple qui part au sud. Mais bon, quand une amie demande des conseils à son pote “grand voyageur” bah cela gonfle l’égo alors on se prend au jeu. On bredouille quelques trucs, généralistes, parce qu’au fond, aussitôt après avoir un mis un pas là-bas, elle aura plus d’expérience que moi par rapport à son projet de voyage en couple. Et puis elle sera prise en charge. Moi, comme toujours, je m’en remettais à ma bonne étoile.
D’ailleurs, à une époque pas si lointaine, j’aurai sans doute essayé de la convaincre que les circuits touristiques ne permettent pas de découvrir l’essence d’un pays. (En plus, le titre de cet article est on ne peut plus clair.) Je vous aurai dit que les circuits touristiques ce n’est pas le “vrai voyage” au contact de la population locale. Parce que moi, avec mon sac à dos, je sais ce qu’est le “vrai voyage” Bla bla… C’est ce que j’appelle le “syndrome du backpacker qui pète plus haut que son cul”. J’ai été contaminé. On chope cette saloperie jeune. Cela passe avec l’âge et l’expérience en général. Le mec qui va critiquer vos dépenses de voyages et qui lui optimise les siennes pour se bourrer la gueule pas cher dans le bar du coin. Bon, ce n’est pas mon cas, je ne bois pas d’alcool en voyage (surtout parce que je suis trop radin et méfiant) mais de jeunes donneurs de leçons de ce genre sont légions. Maintenant, avec le recul, je trouve cela absurde. Il est vrai que depuis, j’ai moi-même goûté à une forme de circuit touristique. -Rah, le vendu !- Oui, et alors ? En effet, je me trouve parfois invité par une destination pour partager mon vécu avec vous (oui je sais mon métier est horrible).
Avant mon premier départ pour ce genre de voyage, j’avais beaucoup d’appréhension. Je me voyais comme ces hordes de chinois, se tenant par la main, en rang d’oignons comme de bons écoliers avec une casquette de couleur suivant le guide qui nous rameute à grands coups de drapeaux colorés. La réalité est beaucoup plus nuancée. Le programme est souvent préétabli d’avance même si on peut y apporter quelques modifications. Et vous savez quoi? Et bien cela reste sympa. On rencontre de nouvelles personnes (certaines avec lesquelles j’ai lié une amitié depuis), on vit de belles expériences, on a du temps libre et, le plus important, on n’a pas à se prendre la tête sur l’organisation. Car c’est à la fois une plaie et une liberté de tout faire soi-même. Il faut gérer les imprévus, les réservations, la planification… et si on aime faire le minimum (comme moi. C’est à dire acheter les billets d’avions et gribouiller une adresse de logement et puis advienne que pourra) afin de rester “libre” et bien certes, on reste libre, mais on ne peut profiter de toutes les activités que l’on aurait aimé faire car certains lieux/attractions randonnées sont, par exemple, réservées des mois à l’avance. Et en basse saison, cela peut être fermé ou l’activité impossible à faire (un peu comme mon ascension du Stok Kangri au Ladakh). Si moi, déjà, je me plains de ne pas trouver le temps de planifier certains de mes voyages alors que c’est mon activité principale, je me demande comme font ceux qui ont un métier non lié au tourisme et qui bossent normalement. Comme vous en somme. Bref, lecteurs, je vous admire. Donc non, les circuits touristiques ne sont pas une forme de voyage à rejeter. Enfin moi je ne la rejette pas. Plus. Au contraire. C’est une forme de voyage qui peut être très bien adaptée si vous souhaitez simplement en profiter sans vous tracasser concernant la logistique. Je ne dis pas que je ne ferai que cela. Avoir un agenda pré-rempli cela me rappelle un peu trop l’école. Et puis j’aime trop mon propre rythme (aka, j’aime trop me réserver des grasses matinées) Mais je suis sur la route minimum 6 mois l’an. Quelques escapades planifiées à l’avance, c’est pour moi un soulagement. Presque des vacances. Cela me permet de faire mon travail sur place avec plus de sérénité. (travail qui consiste à prendre des photos, des vidéos, des notes et les partager avec ma famille et mes quelques lecteurs – probablement des cousins éloignés-… enfin comme vous quoi mais en mieux, forcément 🙂
Et puis bon, y a des projets qui me plairaient bien (si le Père Noel m’entend) comme…
Retour en Patagonie
Oui, j’en ai eu un bref aperçu lors de mon trek W dans le parc Torres del Paine mais la météo ne fut pas de mon côté et puis je n’ai vu que le côté chilien. L’Argentine a également beaucoup à montrer, ne serait-ce que prendre une belle photo du Fitz Roy et je serai comblé. Evidemment, je rêve encore de treks là-bas ainsi que de randonnée à cheval. La Patagonie, une fois que l’on y a goûté, on ne peut plus s’en passer. Bref, il y a pas mal de destinations qui me tentent pour un circuit touristique sans prise de tête logistique. Moi je prépare mes prochains sauts. En Italie et en Ecosse.
Découvrir le Bhoutan
C’est les images de ma collègue Marie-Ange Ostré qui m’ont inspiré. Pays comme elle dit, fort méconnu, il arbore un air mystérieux certain. Je pense suivre les conseils de son article sur son voyage au Bhoutan et opter pour une randonnée au-dessus de Punakha. Cela tombe bien, j’aime la marche. Cela pour faire de beaux articles pour mon blog trek 1001 pas. D’ici là, peut-être une partie des critiques que mentionne Marie-Ange auront été prises en compte. Vous pouvez également lire un autre article de son voyage au Bhoutan dans lequel elle partage l’émotion d’une belle et réelle rencontre.
L’Ouzbékistan
C’est Laurent du Blog One Chai qui voue un culte aux pays en “stan”. Pour lui c’est des kifistant. Comprenez qu’il aime beaucoup s’y rendre. D’ailleurs, lui, il s’est rendu en Ouzbékistan, vous pouvez lire son récit ici. Et il a aimé. De mon côté, j’ai eu un voyage avorté au Tadjikistan. Je n’ai pas obtenu mon visa à temps… enfin si, mais après le décollage de l’avion. Bref, cela n’a pas marché mais l’Ouzbékistan me parle bien. J’en apprendrai plus sur Tamerlan, un digne héritier de Gengys Khan pour les conquêtes et les massacres, qui s’est taillé un empire au XVe siècle par la sang, dont l’Ouzbékistan actuel en fut le coeur. Je dois être sensible à une certaine forme de barbarie peut-être. Cela expliquerait mon attrait pour les séries Dexter, Hannibal et Vikings.
Et puis quelques fois nous n’avons pas d’autre choix que de partir dans le cadre d’un voyage organisé : pour des raisons de sécurité (être une femme impose de temps en temps de se soumettre à une agence qui encadre le séjour), pour des raisons d’obtention de visa (on n’entre pas au Bhoutan sans visa qui est accordé seulement si vous passez par une agence de voyages locale mais présente sur Internet), pour des raisons logistiques et d’organisation dans des pays où vous ne maîtrisez pas la langue ou dans des régions peu connectées.
Les agences de voyage sont alors nécessaires, d’autant que les meilleures connaissent bien leur destination et leurs prestataires sur place. Gain de temps, efficacité sur le terrain, rentabilité au final.
PS : merci Piotr d’avoir mentionné ici mes deux articles à propos de mon voyage au Bhoutan. 🙂
Mais de rien Marie-Ange. Les avis ne pullulent pas sur la toile concernant cette destination. Merci pour les infos complémentaires 😉