Rencontre avec Gilles, marseillais amoureux des loups près de Girardville, au Québec
Une pluie sibylline m’enveloppe dans son noir manteau alors que je sors, trempé, des bosquets. L’obscure pénombre a avalé les derniers rayons dorés. La journée expire derrière le voile du feuillage. La brume s’étire, ses doigts fantomatiques serpentent sur les sentiers. Loin derrière les tronc noirs dressés, tel des colonnes ridées de quelques antiques royaumes oubliés, se faufile agilement les gardiens de cette forteresse naturelle. Surgit de l’orée de la forêt, une présence d’un blanc nacré, irréelle, ayant traversé la frontière ténue entre les légendes et le monde matériel. Du haut de ma colline, je m’accroupis et je patiente.
Rencontre avec les loups au Québec
Le gardien du temple s’avance près de la clairière, lève son fin museau, hume l’air. Il me trouve. Il me fixe de ses yeux d’aciers étincelants. Deux mondes s’observent. Je pourrai presque sentir son souffle carnassier sur ma nuque. Puis il lance aux cieux un appel rocailleux qui réveille en moi une peur millénaire. Quelques frissons me parcourent. Apparaissant tels des lucioles parmi les ombres, d’autres membres de la meute rejoignent le loup solitaire. Il élèvent leur buste vers leur dieu silencieux et hurlent à l’unisson, couvrant, durant des instants d’éternité, les grondements de l’orage.
Rassasié du spectacle, je descends à peu feutrés vers ma yourte mongole. Alors que je m’apprête à rentrer, mu par un appel intérieur, presque animal, je m’appuis sur la rambarde de bois qui fait office de passerelle d’observation. Je prends là une grande respiration. Et moi aussi, à la face de ce monde, dans cette langue commune aux désœuvrés, je hurle amertume, regrets, désillusions… ces notes graves et profondes me laissent l’âme vide tel une nuit noire sans lune. Une pointe de mélancolie déchire mes entrailles. Je dis adieu à hier. Un haut grillage nous sépare. Mais moi aussi, je vis dans une cage.
Gilles, gardien des loups au Québec
Gilles, dont l’accent marseillais chantant détonne en terre québécoise, impressionne. Sa poignée de main franche, sa forte carrure. Complètement opposé à ma silhouette de crevette et à ma voix fluette, derrière cette imposante façade virile on découvre rapidement un être bon, doux, passionné par la nature québécoise, amoureux de ses loups. Quelqu’un pour qui l’écotourisme n’est pas une mode passagère mais un véritable art de vivre.
Centre d’observation des loups au Québec
Oui il y a des enclos. Non ce n’est pas un zoo. Nous sommes là pour observer, pour apprendre ou plutôt réapprendre et comprendre ce bel animal trop longtemps diabolisé. Nous ne sommes pas là pour lancer des cacahuètes à des animaux captifs obligés de faire des pirouettes. Il y a trois enclos où les loups vivent en semi-liberté. Des loups arctiques, des loups gris et des loups arctiques imprégnés. C’est ces derniers que vous verrez le plus souvent car ils ont justement été imprégnés, c’est à dire habitués au contact de l’homme durant le premier mois de leur existence (enfin, ici, de Gilles). Ils ne sont pas dressés ni apprivoisés. A leurs yeux, nous sommes des éléments de la meute. Concernant les autres loups, vivant également en semi-liberté, et qui n’ont pas été imprégnés, il vous faudra vous armez de patience, de discrétion et vous levez tôt ou venir tard pour peut-être les apercevoir. Leur terrain au sein du centre d’observation de la forêt boréale étant largement assez vaste pour qu’ils échappent à notre vue.
Dormir avec les loups au Québec
Il y a différentes écolodges ( avec un espace commun pour les douches et wc plus loin près du bâtiment central) qui permettent l’observation du loup dans son environnement naturel.
- l’Atipik, un chalet de bois de forme triangulaire,
- l’Affut, une maison sur pilotis,
- une tente de prospecteur
- une yourte mongole
- vous pouvez également venir, en stop, avec votre propre tente
Ne vous attendez pas à recevoir le wifi. On vient également ici pour faire un -trop court- décrochage technologique.
Pour ma part, j’ai toujours eu une grande admiration pour les loups. Leur force, leur agilité, leur sens de la coopération, du sacrifice. Longtemps, le loup a été regardé comme un nuisible. Un carnivore concurrent. Homo homini lupus est, l’homme est un loup pour l’homme. Et en matière de nuisance, je pense que nous sommes sans réels adversaires.
Entrer dans l’enclos des loups au Québec
Je ne compte pas les heures que j’ai passé à marcher autour de leur territoire. A me faire dévorer par ces satanés moustiques… à essayer d’éviter que l’un des loups imprégné me pique ma sandale pour laquelle il avait le plus grand intérêt.
Alors que Gilles guidait la visite d’une famille, il m’a permis de rentrer dans l’enclos. J’étais debout contre le grillage pour que les loups s’habituent à ma présence. Ils sont très curieux. Mais ce ne sont pas des chiens. Ils n’ont pas de griffes rétractables donc ils peuvent vous blesser sans le vouloir. Ils dégagent une grande force et lorsque vous avez un loup qui se tient debout sur deux pattes en face de vous, même si c’est pour vous léchez le visage, vous ne respirez pas forcément l’assurance. Mais je n’étais pas effrayé. Gilles était là. Les animaux avaient bien mangé… La seule chose qui m’angoissait un peu c’est qu’ils embarquent appareil photo et caméra comme cela est déjà arrivé avec d’autres. Alors que Gilles continuait à expliquer son travail, j’ai pu me balader aux alentours. Avec toujours un loup curieux sur les talons qui, lorsque j’étais accroupi, venait poser sa tête sur mes épaules pour me léchouiller et se faire caresser. Mais entre eux, ils restent des loups et, lorsque la tension monte et qu’ils se montrent les dents, cette réalité nous revient vite en mémoire.Une expérience unique.
J’ai quelques images vidéos que j’ajouterai à l’article lorsque je trouverai le temps de faire le montage.
[well] Documents utiles :
Transport
Logement
Liens utiles
- Pour découvrir les loups au Parc Mahikan (L’observation des loups au parc Mahican est l’une des nombreuses activités de plein air que propose Aventuraid. Sorties en canoë/kayak, chien de traîneau, expéditions en moto-neige…)
- Québec : www.quebecoriginal.com
- Les incontournables de Toronto
Bonjour je vais partir au Canada et j’aimerais vivre la même expérience que vous comment peut on réserver ou prendre contact avec Gilles ?
Bonjour Piotr, une fois de plus je suis émue ! Depuis gamine, je fantasme sur cet animal, j’ai toujours rêvé de vivre auprès d’eux. Quelles magnifiques rencontres ! J’espère un jour, pouvoir m’offrir un tel voyage. Merci et à bientôt Piotr.
De très belles bêtes dans les enclos sinon quand ils sont dans la nature, ça fait comme même peur
Original la photo pied vs patte
oui ,gilles c est mon beauf ! mais pas un beauf a la renaud, un vrai motivé qui assure son taf … je conseille a tout le monde d aller leur rendre visite ! pis si les humains la bas vous plaisent pas : y a les loups ! si les loups vous plaisent pas … ben, je sais pas ; abonnez vous au figaro regardez TF1 et attendez ,tranquille, la fin du monde !!! 3:)
Les photos sont superbes, tu as vécu une expérience incroyable ! Pour ma part, je ne pourrais pas m’approcher, j’ai déjà peur des chiens. En tout cas ils sont magnifiques.
Une experience vraiment impressionnante. c’est un animal magnifique. Le travail de cet homme avec ces loups semble juste magique. merci de ce partage.
Gilles est un homme bon et sincère. On s’en rend compte très vite. Et l’amour qu’éprouvent les loups imprégnés à sa vue est une belle récompense…
Voilà une expérience qui me tenterait beaucoup !
Cela tombe bien, elle est accessible à petits et grands.
Waouhhh (cri du loup), non sérieux ça doit être une belle rencontre. Je n’ai vu que des loups dans des zoos ou parcs en Suède, et toujours dans des enclos pas énormes, où ils tournaient en rond, triste…
Gilles expliquait qu’un loup/animal qui tourne en rond est un animal dépressif. Un animal a besoin d’espace pour se retirer… évidemment, la liberté totale dans la nature est la meilleure solution mais cela ne facilite pas forcément l’observation ni la compréhension.
Ne facilite pas mais en résultat on a des documentaires animalier à couper le souffle, c’est pourquoi ils sont si rare