Ce qui me vient à l’esprit est ware, tada taru wo shiru, ce qui signifie :”Je connais seulement la satisfaction.”
C’est ce qui est inscrit sur le tsubakai, une pierre à l’ouverture carré, symbole de la bouche en japonais, dans le Temple du repos du dragon, le temple de Ryōan-ji, à Kyoto. Il s’y trouve le célèbre jardin de pierre zen.
Photos instagram du Japon en fin d’article 😉
Le Japon c’est…
difficile à définir. Je pourrai vous dire “sutérènju” ce qui est la japonisation du mot anglais “strange” : étrange. J’ai l’impression de vivre une sorte de déréalisation. En effet, je me sens étrangement bien ici. Peut-être est-ce le contre-coup des litres de thé que j’ai ingurgité depuis mon arrivée ou de ma méditation du jour face aux pierres du jardin sec aux graviers harmonieusement ratissés, ou encore, de ma participation à la cérémonie du thé, non loin du sanctuaire de Yasaka. Peut-être un peu de tout ça.
Voilà en fait le mot adéquat. Je me sens en harmonie. Chaque jour je découvre une sorte de chaos ordonné dans lequel se mêle l’ancien et le nouveau. Il y a comme une poudre d’irréel qui recouvre ce monde palpable. Une danse suspendue entre une société moderne, peuplée de grattes ciel et de gadgets entre lesquels on trouve, parfois, caché dans une ruelle, un mini temple zen, îlot de paix et de sérénité… et un monde fait de temples s’étendant sur des hectares, de forêts recouvertes de mousse et de lanternes comme dans les films de Miyazaki dans lesquels se baladent des moines possédant le smartphone dernier cri.
Depuis notre départ de Varsovie, nous avons passé quelques jours à Tokyo, chez nos hôtes japonnais choisis sur le site de couchsurfing et dans une auberge idéalement située dans le vieux Kyoto (bagPak Kyoto Hostel). On en a profité pour faire un saut à Kamakura (statue de Bouddha et vue du Mont Fuji de la place par beau temps…) et à Nara (forêts, temple des mille lanternes, dains apprivoisés et gigantesque temple Todai-ji…) à l’heure tardive où je vous écris, (1h30 de la nuit), je devrai me préparer pour mon train vers Hiroshima. Forêts et sanctuaires, allée de bétons et allée de pierres, marches d’aciers et terres boisées ont défilé devant mes yeux. J’ai l’impression qu’ici est ma place, ici et ailleurs. En transition, en voyage.
On a toujours peur d’être déçu de la vision idéalisée que l’on a pu se construire d’un lieu… paradoxe amusant, cela arrive aux japonais venant à Paris qui l’imaginent moins sale, bruyante et désordonnée qu’elle ne l’est. Un peu comme l’image papier glacée figée dans les prospectus. Il y a même un syndrome pour cela : le syndrome de Paris.
Pourtant, ici, ce n’est pas le cas. Tout est exactement comme je me le représentais. Ni plus, ni moins. J’ai même un étrange sentiment de déjà vu comme si mes pas me menaient dans un lieu que j’ai connu autrefois. Il n’y a que cette barrière de la langue que je me dois un jour de briser. Ce “que”, fruit d’incompréhension et de sourires.
Ware, tada taru wo shiru
Ceci est un extrait de mon carnet de voyage.
“Je connais seulement la satisfaction.”
Je regarde ces pierres, mes homonymes silencieux que je ne peux tous voir et je me dis… Je n’ai ni maison, ni voiture, ni carrière pour lesquels me battre et me tuer à la tâche. Je n’ai de véritable et unique obligation que de faire voyager quelques lecteurs à mes côtés comme je le fais sur ce blog de voyages. Je possède peu mais je me sens riche. Riche de connaître la satisfaction d’endosser l’habit du vagabond que j’ai, au fond, toujours voulu être.
Je suis un Pierre dans l’océan des individualités de ce monde. Par un heureux hasard, mes rêves et la poursuite de ces derniers me maintiennent à la surface et me portent toujours plus loin. Pourtant, un jour, comme tout le monde, je coulerai… mais c’est un cycle perpétuel, immuable, plus grand que moi et que tout ce que je pourrai entreprendre. Je n’ai pas peur de la fin. Dés lors, je n’ai pas à me justifier ni me soucier de vouloir entasser un tas d’or quelque part. Mes souvenirs valent tous les diamants. C’est là, la seule chose que je veux entasser.
Je n’ai pas de plan véritable comme l’achat d’un billet de retour vers la réalité. Mon périple aura comme fin mon dernier souffle. Je préfère vivre dans mon monde même si peu en comprenne réellement la saveur et, souvent, les sacrifices. Car il est bien seul le chemin de celui qui vise ses plus grandes aspirations intérieures. C’est un sacerdoce qui éloigne. C’est un choix solitaire de vouloir briser le mur impossible entre celui que l’on est et celui que l’on a toujours aspiré à être. L’exigence d’un réveil douloureux sur un matelas de déraisons.
Si les quelques rochers sur un tapis de graviers représentent des continents, que sommes-nous vraiment ? Nous, dans l’immensité; dans nos insignifiants problèmes du quotidien qui nous paraissent souvent insurmontables ? Un jour, nous rejoindrons tous ces graviers. Riches, pauvres, beaux et laids, connus ou anonymes. Un jour, la majorité d’entre nous sera oublié, effacé, supprimé, dans une tombe, dans une urne ou dispersé aux quatre vents et les mieux lotis se retrouveront dans un dictionnaire poussiéreux… d’ici là, moi, petit Pierre au milieu des graviers, de nombreux voyages et découvertes m’attendent.
J’ai en moi la délicieuse aspiration de vous transmettre une graine de folie et que ce germe en contamine d’autres. Cette folie s’appelle la vie et elle n’a de sens que celui que vous lui donnez.
N’hésitez pas à me suivre sur instagram : http://instagram.com/bien_voyager
Je vous livre ici toutes les photos prises du Japon depuis mon vol en businness class de Varsovie vers Dubai puis Dubai vers Tokyo. Bien d’autre suivront cet article sur le Japon donc allez y faire un tour. 😉 Vous pouvez retrouver mon carnet de Kyoto en cliquant ici.
clique sur les image pour les agrandir
Très jolies photos ça nous donne vraiment l’impression d’y être. Cela me permet de découvrir un peu le Japon et je t’avoue que je suis agréablement surprise.
@Piotr
Où ai-je parlé de “vrai”? C’est toi qui utilise cette expression. je te dis simplement qu’il faut sortir des sentiers battus. Je pense qu’il faut que tu relise mes propos et tu verras que tu interprète mal 😉
Et je ne te parle pas d’en dehors de Tokyo puisque je te dis même à l’intérieur de Tokyo. Il y a deux mondes différents que tu ne peux pas découvrir de la même façon. Il y a celui que tu as vu en tant que touriste qui reste dans ce qui se fait sans chercher à explorer et il y a celui un peu en dehors des sentiers battus.
Pour répondre à ta question, le Japon inaccessible c’est ces choses qui ne sont pas ouvertes aux étrangers et qui sont très nombreuses, c’est ces lieux qui te sont interdit d’accès si tu ne parle japonais, c’est ces lieux que tu ne trouve pas dans les guides touristiques parce que les gens qui les écrivent ne vont pas là-bas, c’est plein d’endroit différent qui te montrent des palettes différentes de la vie au Japon. Parce que le Japon ce n’est pas que Fuji-san, une cérémonie du thé à Kyoto et Hiroshima et Tokyo.
Pour information je sortis de Tokyo plus de fois que tu ne le pense (Kamaishi, Oze, Osaka, Kyoto, Fuji, Kamakura, Yokohama, Nara, Ashomachi, …) mais bon peut-être que la plus part de ces noms ne te dise rien car ils ne sont pas, pour beaucoup, dans les guides touristiques. Si il n’y a pas encore tous les articles relatifs à ces villes sur mon blog c’est que je n’ai pas nécessairement le temps. Bloguer n’est pas mon travail à temps plein, je suis juste étudiant ici. (PS: je ne suis pas expatrié mais bien voyageur, cela fait 3 ans et demi que j’ai commencé un tour du monde qui me fait aller de pays en pays au grès de mes envies. Rester longtemps dans un pays ne fait pas de toi un expat ou un non voyageur, voyager ne se fait pas sur une courte durée uniquement)
Et puis, je me réserve la découverte du Japon pour mon tour à pieds.
Bon bah je vois que tu profites bien du Japon. Tu devrais sortir un peu des sentiers battus, découvrir le Japon de l’intérieur (même à Tokyo) et tu y découvrirais d’autres choses, que nous ne connaissons pas vraiment de ce Japon, celui que nous ne voyons jamais car inaccessible si tu ne parle pas japonais, et si tu n’es pas japonais parfois.
Les japonais aiment à te dire: va visiter ici, ou là-bas… Mais au final ils te donneront toujours les mêmes endroits parce que c’est normalisé pour eux. Comme tout, même le voyage n’y fait pas exception 😉
L’insolite, le quotidien, le vrai, c’est quoi ? Un marché où les japonais vont aussi c’est un faut marché parce que l’on y trouve quelques touristes comme nous ? Le Japon innaccessible cela veut dire quoi ? Celui qui existe quand on sort des sentiers hypers touristiques, celui où l’on se perd, celui en dehors de Tokyo ?
Un voyage ne suffit pas pour découvrir un pays… d’ailleurs, tu devrais sortir un peu de Tokyo (vivement ton tour du Japon à pied), rien trouvé d’info utiles sur ton blog concernant Nagano, Yakushima, Kyoto, Nara, Kamakura… dommage 😉 Mais c’est là sans doute la limite de l’expatriation quand on bosse quelque part.
Superbes photos Piotr, ça nous donne une petite idée de l’atmosphère que tu décris si bien! Hâte de voir tes prochains articles.
Magnifique les photos, ca me donne envie d’y aller ! Je craquerais peut etre un de ses 4 les vols sont pas très cher depuis la Thailande ou je vis 🙂
Jolies photos, merci à toi Piotr et bon voyage au Japon