Je vis un rêve éveillé et si ce n’est qu’un rêve, alors je souhaite qu’il dure encore longtemps. Si je suis dans Matrix, s’il vous plait, ne me débranchez pas car… Je suis en Nouvelle-Zélande… I am in New Zealand. Je suis en Nouvelle-Zélande. I am in New Zealand. I live a great journey. Je suis Piotr Baggins !
Je me répète ce refrain idiot chaque soir avant d’aller me coucher, le sourire à m’en faire décoller la mâchoire La première fois, j’avais la larme à l’oeil. Moi-même j’ai du mal à y croire tellement cela me parait surréaliste. Je me pince parfois juste histoire d’être vraiment sûr. J’ai quelques marques sur la peau d’ailleurs. Mais tout cela a failli disparaître Tout. Il a suffit d’une phrase et de quelques mots et mon monde s’est écroulé. Durant quelques minutes, je suis mort sur place. Durant quelques minutes, point de Nouvelle-Zélande et retour à la maison.
La Nouvelle-Zélande, mon fils, tu oublieras !
A l’enregistrement à London Hearthrow, la stewardesse au comptoir me terrassa sur place. 40 ans de plus et je faisais un AVC. D’un air peiné, elle me regarde dans les yeux et, après avoir rendu mon passeport, m’annonce
“Sorry, it seems on my computer that your passeport is not enough for New Zealand. You have a visa don’t you ?”
Mon écran m’indique que votre passeport n’est pas suffisant pour la Nouvelle-Zélande. Vous avez un visa n’est-ce pas ?
Non, bien sur. Bien sur que non. Je n’avais pas de visa. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Je ne savais plus. Est-ce qu’on demande à l’idiot du village pourquoi il est idiot ? Non, il est ainsi. Je suis ce genre de distrait qui passe à côté de sa vie. Je suis l’idiot du village. Je suis le gars qui perd son ticket le jour ou il a gagné le gros lot. Voilà pourquoi. Je crois que durant quelques secondes, j’ai du oublié qui j’étais et où j’étais. J’étais “lui” et lui ne partait pas. Mon cerveau a fait Reset.
Elle a du répéter sa phrase 2 fois avant que je daigne sortir de mon état aphone. Je remuais les lèvres mais aucun son ne sortait. Elle me tendit le passeport et je le pris dans mes mains délicatement comme si c’était un animal blessé. Lui était à terre. Moi j’étais déjà mort et enterré. C’était juste mon coeur et mes rêves que l’on venait d’arracher à ma poitrine.
“Everything is ok ?” Tout va bien ?
Non. Dans ma tête je lui hurlais “No. Nothing is alright. Bien évidemment que nothing is ok. It’s a fucking nitghmare.” Mais je le regardais juste, la bouche ouverte. J’ai dit “Yes” et j’ai souri. Je crois. Réflexe de politesse. C’est effrayant les réflexes.
Plongeon dans les abysses. Je devais avoir l’air livide. Mes mains tremblaient.
“It’s, it’s, it’s impossible: I have to go there. It’s my dream. I have to go. It’s my dream”
C’est, c’est, c est impossible. Je dois aller là-bas. C’est mon rêve. Je dois y aller. C est mon rêve.
le disque est rayé.
Elle ne répond rien. Autour de moi, les gens se sont tus et me regardent.
Certains baissent les yeux. D’autres tournent la tète Ils ne veulent pas voir. Je devais avoir l’air pitoyable. J’étais pitoyable.
Et si… et si j’avais fait erreur. Et si j’avais pris mon vieux passeport et non le passeport biométrique que j’avais faire spécialement pour ce voyage. Non, je n’ai pas pu être distrait à ce point. Distrait est faible. “Con” serait plus approprié. Mais l’heure n’est pas aux insultes. Pas maintenant. Que vais-je faire ? C’est possible que cela s’arrête ainsi ?
Je n’arrivais pas à réfléchir. Je n’arrivais pas à ouvrir le passeport. Mes doigts ne m’obéissaient pas. Et si elle avait raison… je rentre chez moi ?
Et c’est fini ?
Point, nada, basta ?
Fin des rêves. Retour à la maison avec un vol pas cher et au lit ?
Si c’est le cas, je n’en sortirai pas pendant 3 semaines. Je me hairai à vie.
Il faut que je me ressaisisse.
J’ouvre le passeport. Je relis 5 fois la date d’émission pour être sur et je regarde la couverture. Oui, il y a bien le signe biométrique.
D’un air triomphant, j’annonce en tendant le passeport. You’re wrong. Check again. Vous faites erreur. Vérifiez encore.
Elle était wrong. J’etait bien right. Tout est ok. Ma vie recommence, mon ceur bat de nouveau et mes rêves tournaient dans ma tête.
Et là, l’atmosphère était du genre…
Je ne lui en voulais pas. Ma mémoire de poisson rouge avait déjà oublié. Je m’envolais pour Auckland. Je marchais tel une danseuse du Bolchoi. J’avais la légèreté d’une plume. On venait de m’ôter des potentielles semaines de dépression des mois de défaitisme des années de trauma. Le reste n’avait plus d’importance, rien ne devait entraver ce périple. C’était écrit. Là. Sur le billet pas cher et dans mon coeur depuis longtemps. Depuis 10 ans en fait. Depuis que j’ai rêvé de ce pays à travers des mots de Tolkien et de la bande annonce du Seigneur des Anneaux. Avant ? Avant, je ne savais même pas qu’il y avait un petit coin de paradis non loin de l’Australie… mais maintenant, j’avais des ailes et c’est là que je m’envolais. Et ce paradis porte un nom “New Zealand”
Et après… après chers lecteurs, c’est là que ma quête commence.
D’ailleurs, vous pouvez la suivre au jour le jour en photo sur Instagram : http://instagram.com/bien_voyager
COmme je te comprends, au moment de partir pour l'Australie on m'a annoncé qu'il y avait un problème avec le visa, elle ne savait pas quoi, donc elle me laissait monter dans l'avion pour Vienne où ils vérifieront.
A vienne ils n'ont pas trouvé, m'ont laissé monter dans l'avion. A l'escale à Kuala Lumpur, mon anglais très faible, fait que j'ai cru quelques minutes ne pas avoir le droit de monter dans l'avion. Arrivée à Melbourne : il manquait mon deuxième prénom sur le visa. C'est bon, je pouvais entrer dans le pays. ouf !