Sous la pluie de me pas résonne en écho une chanson. Je ne sais de qui mais elle envahit mon univers aquatique comme ses gouttes qui ruissellent sur mon corps“I run away. I run away from you…” Je fuis. Amis, famille, amour, lecteurs, je fuis. A vrai dire 32h de vol en transit, 13 repas/snacks mangés entre mon départ de Barcelone il y a quand déjà ? Je ne sais plus… et 18500 km me séparent, vous, moi et ma fuite en avant. Enfin, vous, à Paris. Les autres feront le calcul.
Vous ai-je dit que lorsque j’ai commencé à gribouiller ces lignes, je déambulais depuis 2h30, perdu dans les rues obscures de Auckland avalées par les flots ?
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Même en Nouvelle-Zélande un corps a ses limites
Vous le saviez ? Moi, non. Je ne sais pas grand chose de toute façon. Je suis un poisson rouge sans nageoires Je ne sais pas si la leçon est rentrée. J’ai du mal à relire mes notes gribouillées et délavées. Le temps a passé depuis. Égoïste que je suis, j’en oublie de partager mes récits.
Je survole les terres de Nouvelle Zélande C’est vert. C’est si vert que cela en fait presque mal aux yeux. Je me sens devenir pelouse. Ou vieux chêne en haut d’une colline hobbitesque avec en bas un ruisseau. J’oublie la fatigue. J’oublie beaucoup de choses. Tant que ce n’est pas les bagages, tout va bien. Les collines défilent Là, en bas. Cela me fait penser un peu à l’Ecosse. Je me remémore Edimbourgh durant quelques courts instants. Cela me semble si loin. J’étais plus proche de 20 que de 30 alors, j’étais jeune et con alors. Je suis moins jeune maintenant. Mais je n’ai pas le temps de souffler, la paperasse à la frontière m’attend. God I hate it.
Rien à déclarer sir ?
Pas de produits interdits, d’armes, de drogue, de grosses liasses de billets, de séjours en prisons à mentionner… je veux dire, à part la pomme, arme de destruction massive avant le passage de frontière et mes chaussures de treks qui me regardent d’un air apeuré genre “tu ne nous laisseras pas en quarantaine dit ?” je ne pense pas représenter un danger pour le pays. Enfin, un danger acceptable. J’achève en silence les souffrances de ma pomme. Mea poma.
L’inspecteur regarde mes pompes propres. Fait rare je l’avoue… mais je me voyais mal déambuler en Nouvelle Zélande en tongs. Remarque, je l’ai bien fait en Ukraine et en Roumanie. Mais tout de même, je n’ai pas la plante aussi velue que Frodon.
Première aventure : prendre le bus à l’aéroport d’Auckland
Je me retrouve un quart d’heure plus tard à tendre mon pouce pour rejoindre Auckland central. La pluie ne facilitera pas la tâche et j’abandonne rapidement pour la chaleur du bus. Je sais, je suis faible. Une fois le ticket acheté, je demande au chauffeur où sortir.
Je ne comprends RIEN. Rien, en majuscule. Je veux dire, je sais qu’il parle anglais. Il parle anglais. Mais je n’arrive pas à distinguer l’anglais derrière l’accent. Pourtant, je ne suis pas si nul. Comme tout français je suis nul mais je suis moins nul que la moyenne, tout de même Je me rassis en ayant la vague sensation que je ne suis pas dans le bon bus. Je demande à des suédois. Les suédois c’est une valeur sûr. Au féminin cela marche aussi. Les suédois, ils parlent bien english. Les suédois vont parler au chauffeur la mine souriante. Les suédois reviennent la mine déconfite.
Ils me regardent.
– Ecoute, on a pas compris grand chose mais on croit qu’on n’est pas dans le bon bus non plus…
– Ah.
On éclate de rire. Je demande.
– Et on va où ?
– On sait pas… quelque part dans le nord…
– Ah… Et le nord vraiment loin au nord ?
Ils font oui du signe de la tête. On a aucune idée de où on va.
On éclate de rire de nouveau.
– Et les autres passagers le savent ? Dis-je en essuyant une larme du quoi de l’oeil (je pleure aussi quand je ris)
– Non, on ne pense pas.
On se marre comme des baleines.
J’entends des françaises derrière préparant déjà leur plan pour Auckland. Je repouffe de rire. Les pauvres me dis-je… mais bon, elles sont plusieurs, elles se débrouilleront. Il y a des jeunes québécois aussi. On discute, on rigole de notre bêtise. Ils me parlent de leur belle région que je ne connais pas encore, on s’échange nos mails. Une invitation déjà ?
Je retourne voir le chauffeur. Il me parle. Je vois qu’il me parle. Il gesticule même. Mais je ne comprends toujours rien. Je m’applique pourtant.
– Mais où on va là ? Moi vouloir aller à Auckland. Au-ck-land. La ville. La capitale de Nouvelle-Zélande.
– Oooo-lnd. Tiiiis O-lnd. (Auuuu-land. C’esssssst Aland)
– Hein ?
– Tiiiis Oooo-lnd.
Je le regarde. Il me regarde. Je souris. Je répète en articulant très soigneusement.
– Je veux aller à Auckland.
Il me regarde. Il cligne des yeux trois fois. Il me tape un gros coup sur la cuisse et explose de rire. Il hurle dans le bus.
Heeeee n-goooo Oooooo-laannnd. (il veut aller à Auckland)
Quelques uns dans le bus rient. Des kiwis. Je ne sais pas pourquoi mais je ris avec eux. Cela doit être la fatigue. Et puis c’est bon de rire de soi-même. Le chauffeur rit tellement qu’il manque de s’étouffer Je retourne à ma place. Une fois que le bus s’est vidé un peu, je retourne le voir. Au final, il me gribouillera un dessin pour m’expliquer que je suis déjà à Auckland et que je me rends bien là ou je devais me rendre. Yeah. Le costume du ridicule me va si bien.
Après le jet lag, le vin me largue.
Il pleuvait à Auckland. Cette phrase ne rend pas la mesure du déluge qui s’abattait sur la capitale. Je veux dire, sans parapluie ou avec un parapluie le résultat s’approchait d’un plongeon tout habille dans une piscine. J’ai toujours aimé sauter dans les flaques d’eau,
cela ne me posait pas de problème. Et puis j’avais un radiateur dans ma chambre single.
J’avais rdv quelque part au Fish Market pour tester le vin au Big Picture Exerience : http://www.thewineexperience.co.nz/. J’ai appris un peu sur l’histoire. Mon nez ne répondait plus. Les verres s’entassaient. Les vidéos défilaient. Le vin était bon. Le meilleur était… était. Ah, je l’ai sur le bout de la langue. Un blanc je crois. Sauvigon… j’ai le nom quelque part.
Ensuite, le temps passa vite. La nuit m’avait attrapée par l’épaule pour se rappeler à mon bon souvenir. La pluie l’accompagnait. Compagnons de beuverie. La ville se meure la nuit. Rien ne survit. J’étais seul parmi d’autres ombres qui déambulait entre les îlots Les heures cinéma dans les avions et le vin mêlée me tapaient gentiment sur les tempes. Ma carte était trempée. Je ne savais plus où j’étais Je demandais mon chemin comme on demande l’heure. J’oubliais aussitôt Je tournais dans ce grand bocal à ciel ouvert, m’émerveillant des couleurs. J’étais soul. Soul de la vie. D’être là, soul et seul. Soul du temps perdu, des verres bus et des bus qui défilent. J’en ai pris un, je suis descendu aussitôt Je me suis rappelé que je ne savais pas ou j’allais. Si j’avais peur ? De quoi ? De ma bêtise ? Cela fait longtemps qu’elle ne m’effraie plu. J’ai commencé à gribouiller quelques mots. Je me sentais inspiré, cela sonnait bien. Il n’en reste rien à part des effluves d’alcools sur papier.
Le temps s’est arrêté 12H plus tard, le réveil hurlant m’extirpa de mon coma. Il est 5h du matin la-bas. 20H chez vous je crois. Je fuis au loin, bien au nord cette fois-ci. Je courus de nouveau sous la pluie. Mes cheveux trempées dansaient dans ma course. Un van s’arrêta Une jeune femme aux cheveux d’or me sourit et me montra un siège Je m’assis. Elle était belle. Sublime serait peut-être plus exact. Sa beauté naturelle était douloureuse. Elle était belle à vous en faire réapprendre les vertus de la contemplation. Je n’avais pas de nom à lui donner. Je ne m’appelais donc pas. J’étais juste French et j’allais à la gare. Je fixais le pare-brise pour ne pas l’effrayer. Je ne voulais plus croiser son regard. Les elfes existent donc toujours. Elle me déposa à mon arrêt. J’étais à l’avance. Le bus allait au nord. A Paihai.
Photos de l’article prises avec smartphone sous Instagram
Infos utiles :
16 $ NZ l’aller pou Auckland en Bus, 25 $ AR
– pour se loger à Auckland : http://www.verandahs.co.nz/home.html
– pour tester du vin néo-zélandais : http://www.thewineexperience.co.nz/
– office de tourisme de Nouvelle-Zélande : http://www.newzealand.com/nouvelle-z%C3%A9lande/
Bon, ça me rassure, on a pas été les seuls à vivre la même expérience du bus à la sortie de l’aéroport ;D En plus du décalage horaire et de la fatigue, nous sommes arrivés à 3h du matin et le chauffeur de bus avait l’air aussi crevé que nous ! On a rien compris à ce qu’il nous a dit, mais on a fini à bon port quand même ! Sacrés Kiwis !!
Au final, le plus important, c’est de bien arrivé 😉
La gourmande en moi a bien aimé la partie “dégustation de vin”. On parle un peu des vins australiens mais moins (pour le moment) des vins néo-zélandais. Alors ils étaient bons?
Dans le Central Otago, tu verras, ce n’est pas du tout vert… Et c’est ça qui est superbe en Nouvelle-Zélande, passer d’un climat breton au désert en quelques heures. Enjoy! 🙂
Il y a tant de paysages en effet… et si peu de temps pour tout voir… rahhh, je reviendrai 🙂
Très beau récit, je vois que tu as déjà goûté à la pluie façon NZ! Par contre, je ne peux pas m'empêcher de préciser : si Auckland est la capitale économique du pays, le titre de capitale revient à Wellington. Je met ça sur le compte de la fatigue et de la dégustation ;-).
Ah je fais la même erreur que certains ont fait avec Washington et NYC. En fait, je crois que c’est parce que j’ai trop entendu, ah mais tu visites d’abord la capitale : Auckland ?
Je corrige, merci 😉
Un délice de vous lire, on se perd avec vous dans l’aquarium dAuckland ! Continuez, surtout continuez !
Héhé, même des anglais ne comprendraient pas l’accent néo-zélandais…! La langue du kiwi ne s’improve / s’apprivoise pas facilement !
Et petite remarque : c’est Wellington la capitale de la Nouvelle Zélande 🙂