Dans notre mini-bus conduit par Abdul, après avoir avalé goulûment un falafel, le ventre repus, je leur parle de mon envie de me fondre, dès les premières lueurs, dans les rues de Amman. De capturer les premiers rayons sur la capitales jordanienne, d’un saut dans la vieille ville. De presser le pas pour ensuite partager tous ensemble, les yeux rougis, le petit-déjeuner. Je me rends compte que cela signifie ne dormir que 4h à peine. Inspirer chaque seconde qui nous ai donné. Profiter de notre chance. Elles me regardent toutes, suspicieuses. Suis-je vraiment sérieux ? Je dois passer pour un excentrique.
Profites de chaque instant. Il sera bien temps de dormir dans ton cercueil me répète mon grand-père. En voyage, j’applique au mieux son conseil. Le reste de l’année, il en est autrement, mais en voyage, malgré les promesses, je sais au plus profond de moi que rare sera l’occasion de revenir. Que ce moment qui m’est donné de me balader dans les rues endormies d’Amman la blanche ne se reproduira sans doute point.
Un thé pour passer la nuit peut-être ?
Je convaincs Maider d‘Il était une faim de se joindre à mon coup de folie. Un tweet tardif m’informe que je serai sans doute seul à errer. Mon pied droit me lance. La douleur resurgit. Malgré le confort du lit, je ne fermerai l’oeil de la nuit. A quoi bon. Je regarde les photos de Jerash. Le planning de la journée est chargée.
L’heure du rdv approche. 6h. A l’entrée, personne. Je sors. Le portier me salue. Je décline le taxi qu’il me hèle. Je ne me dirigerai pas vers la vieille ville tel un fantôme. Le risque serait trop grand que je me perde dans ses ruelles. Le risque serait trop grand que je ne respecte pas le planning et que je suive mon instinct, comme c’est souvent le cas quand je suis seul. Et puis mon pied me rappelle à la réalité. Je me dirige donc vers la mosquée.
Je traverse les ruelles vides, je surprends les chats en chasse.
Amman n’est pas blanche.
Pas tout à fait. Elle rougit, rosit aux premiers rayons. Les travailleurs matinaux, se dirigeant vers les chantiers, me saluent d’un hochement de tête. Je leur réponds la tête lourde, le regard pâteux. Je me balade avec mon gros objectif au cou, poids inutile. Ici, un quartier d’habitation. Là, un touriste qui ne tient pas en place, moi. Plus loin un policier souriant en faction.
J’aimerai avoir plus de temps. Que mon pied me laisse tranquille. J’aimerai pouvoir humer la vie naissante dans les soukhs lorsque les commerçant montent leurs étals, préparent leur marchandise. Ce parfum dans l’air. Ce calme avant la tempête lorsque la première brise annonce le tumulte encore loin à l’horizon. Les premiers acheteurs matinaux. Les habitués. Ça ne gueule pas trop. Pas encore.
Le matin, le temps défile plus lentement. Personne ne le presse. Il vous appartient. Il m’appartient. Le soleil se lève sur les minarets. Il est encore trop tôt pour assister à une prière. Mince, il faut déjà faire demi-tour. Je titube un peu. Je m’assieds sur des marches. Ce temps m’appartient, encore un peu. Je monte à l’étage du Royal Amman avec vue sur la ville.
Lorsque l’on remonte l’histoire
La Citadelle où les époques se mêlent. L’histoire affleure à chaque pas, sous les pissenlits printaniers, le sable et la rocaille. Ici ont défilés les livres d’histoire. Romains, carthaginois, arabes…
chacun a laissé son empreinte sous les couches de poussières.
Un îlot d’histoire au milieu de la ville moderne. On papillonne d’une colonne à une gravure. Le drapeau jordanien tourbillonne sur son mat. La ville, sous les assauts du soleil de midi oscille entre l’ocre et le blanc, comme indécise.
On file au théâtre romain, en contre-bas. Une porte m’interpelle, un détail qui retient mon attention. N.8 Je pense un film. Là aussi réside le plaisir du voyage, dans les détails. Les femmes sont souvent meilleures à ce jeu…
Deux jeunes jordaniens me prennent en photo, tous sourires. Un couple se murmure des mots doux dans un coin, à peine visible. Ils répètent leur pièce à eux.
C’est le soukh maintenant. Les couleurs des tuniques, le dur choix des passants.
J’aurai bien besoin d’une canne pour avancer. Ou une place pour me recueillir.
J’ai comme une envie de gros radis. Je goûte aux dates vertes. Elles sont croquantes.
Un petit goût acide qui me rappelle le jardin de mon grand-père. Lorsque je m’attaquais aux fruits non encore mûrs.
Direction… Jerash.
On prend la route. Je glane quelques minutes de sommeil. J’aimerai m’arrêter pour prendre des images qui filent derrière la vitre… trop vite.
Avant de redécouvrir l’Histoire, le restaurant Artemis nous attend. J’ai encore en bouche le thé menthe citron, l’un des meilleurs du séjour. Repas copieux, galettes de pain chauds faites sur place dont je me gaverai tel un condamné.
La porte d’Hadrien, l’hippodrome, la place Ovale, les allées bordées de colonnes… Omar relate l’Histoire, moi j’ai les yeux grands ouverts.
Si on me demande ce que je veux faire à la retraire… je dirai petit vieux. Petit vieux posant près des monuments, profitant de l’instant. Lui aussi, d’une certaine manière, appartient au temps passé… il s’insère au décor.
On bat les pavés sous le soleil. Des écoliers nous saluent en riant. Le site est grand. Ne subsiste, comme toujours, qu’une partie de ce qui fut. Suffisante pour s’imaginer, suffisante pour regretter que le temps ait fait son oeuvre. Imaginez les fontaines, la vie grouillante dans les ruelles, les spectacles…
Il est temps de partir. S’attarder signifierait manquer le coucher de soleil sur la mer Morte…
Liens utiles :
- Hôtel Royal Amman
- Restaurant Artémis
- le site de l’office de tourisme Jordanien : http://fr.visitjordan.com/
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Tu a surement goûter à leur miel, le meilleur au monde, les photos sont comme d’habitude excellente et les ruines racontent une belle époque de souveraineté
dommage pour ta douleur au pied, j’espère qu’elle t’a laissé tranquille ensuite ? très jolies vues de la Jordanie …
Après les eaux salées de la mer Morte, cela allait beaucoup mieux… elle a presque disparu. 🙂