Sur les sentiers on s’embarque l’âme légère. On court loin devant étant gamin, on traîne parfois des pieds à l’adolescence, on apprend à courir de nouveau à l’âge adulte, l’ivresse des chemins. Parfois même, on y est embarqué à notre insu. Ballotté par papa dans son coufin. Jeune randonneur avant l’heure.
Sur les sentiers, il y a ceux qui courent, il y a ceux qui marchent, il y a ceux qui ne savent pas vraiment se décider. Tantôt jouant la carte de l’effort, tantôt celle de la contemplation.
Je sais juste me faire embarquer par les sentiers. Je crois que les années qui me restent et les saisons pourraient y finir que je ne m’en lasserai jamais. Les lumières, les reliefs, cette impression d’être reconnecté à quelque chose de plus grand que soi. De vrai. D’ancien, une force presque immuable par rapport à notre éphémère existence.
L’impression de vivre quelque chose de tellement plus réel que nos vies déconnectées. Nos vies virtuels. Nos vies surlikées. Surcommentées. Édulcorées. C’est amusant ce paradoxe. C’est sur les sentiers que l’on se sent le plus vivant… que l’on ressent les émotions les plus vives. Si vives que c’est cette expérience de vie là qui nous parait irréelle. Que vit-on alors au quotidien ? Un ersatz de vie ?
Mon métier m’oblige à être sur les réseaux. J’en connais tous les travers. Au départ, je ne comprenais pas le désintérêt des montagnards pour ce monde de l’irréel… mais une fois sur les chemins, l’évidence nous frappe aux yeux. Aucun selfie, like, aucune des photos, vidéos, aucune histoire, les miennes ou celles des autres, ne remplaceront la vraie expérience. La mienne. La vôtre.
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Sur les sentiers, il y a ceux qui comme moi portent leur sac à dos, lourd ne serait pas le bon mot. Mon plaisir est de l’alléger autant qu’il se peut (je donne même des conseils pour alléger son sac). Plus petit est le fardeau que je porte pour l’escargot que je suis, plus il m’est facile de me transformer en lièvre le temps de quelques descentes endiablées.
A la montée, pour peu qu’il fasse chaud, je perd rapidement mon souffle. Je perds rapidement mes moyens. Je grimace et je plonge parfois la tête la première dans un ruisseau où je me baigne, nu, seul, comme ce fut le cas en Dominique sur les 170 km du sauvage Waitakubuli trail.
Il n’y avait personne. Il n’y avait que moi et la nature. Le plaisir à nul pareil. Rare. Unique.
Les joies simples du sentier pour celui qui l’arpente durant des heures, durant des jours, sur des dizaines et des dizaines de kilomètres.
J’aime terminer, j’aime tant recommencer, j’ai si hâte de repartir…
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Super texte, qui décrit si bien le retour à l’essentiel. Bravo Piotr, et merci.