Interview Pierre-Axel, 1an en Erasmus en Espagne

Salut Pax, tu peux te présenter en quelques phrases ?

Pierre-Axel, 21 ans, étudiant en 3ème année de LEA à Roubaix, parti pour un an à Madrid en Erasmus. Je n’ai pas de passion particulière, c’est juste que tout m’intéresse, des futilités aux grandes idées. J’essaie de trouver ma voie sans trop suivre celle des autres, je fais mon miel de toutes les fleurs, et des meilleures si possible. J’ai conscience de ma singularité, c’est pourquoi je respecte celle des autres et me refuse le plus souvent à faire du prêt-à-penser en ayant des préjugés sur quiconque. Ca parait beau comme ça, mais c’est pas facile tous les jours.

pax dans sa position favorite : allongé

J’ai un bien meilleur niveau en anglais qu’en espagnol. Ce séjour avait pour but d’équilibrer les niveaux, et l’objectif est en passe d’être accompli. Je crois que même sans Erasmus, je me serais débrouillé pour passer quelques mois ici, ce pays m’attire et me plait sincèrement, sans que je ne puisse expliquer pourquoi. Ce sont peut-être ces clichés (tauromachie, sangria, flamenco, plages…) que je voulais confronter à ma propre vision du pays. Et c’est alors que l’on prend conscience de la distance entre les stéréotypes et les faits réels; très enrichissa

Comment t’es venu cette idée de partir en Espagne ? Cadre scolaire non ?

nt.

Tu es parti quand et depuis combien de temps tu y es?

Je reste ici toute l’année scolaire (septembre à juin) plus juillet, mais pour faire le touriste uniquement. J’ai passé noël et le 31 en France, et je reviens à Pâques si tout va bien.

Combien de temps as-tu muri ce projet avant de le réaliser ?

A vrai dire, partir à l’étranger me semble quasiment obligatoire en LEA. Je ne comprends pas ceux qui déclarent fièrement ‘je ne partirai pas parce que’ + arguments infondés, voire pas d’argument du tout. Le moins que l’on puisse faire, c’est le stage à l’étranger. Après, il y a aussi une sélection faite par Lille 3. J’ai d’ailleurs une pensée sincère pour ceux qui n’ont pas été retenus, j’espère que la chance leur sourira bientôt!

Comment a réagit ton entourage à ta décision de voyage ?

Comme on pouvait s’y attendre, un peu de tristesse de me voir partir un an, mais aussi beaucoup d’encouragements et de la fierté chez mes grands-parents, pour qui c’est quelque chose de vraiment incroyable. Alors qu’ils ne sont presque jamais sortis de France du haut de leurs 80 ans passés, à 21 ans je suis déjà allé deux fois à l’île de la Réunion, deux fois à Londres, une fois à Dublin, à Amsterdam, à Cologne, à Rome et Pompeii, en Turquie, en Tunisie, en Suisse, un peu partout en France, et maintenant je vis en Espagne, en pleine capitale. Je sais que j’ai du bol, et j’espère encore découvrir le plus de pays possibles, c’est un frisson génial à chaque fois.

homme patate : créativité de Pax en action

Tu restes en contact avec tes amis ?

Bien sûr, sinon tu me casserais pas les bonbons avec tes questionnaires 🙂 Blague à part, Facebook, Skype et internet en général sont plus que pratiques pour cela. Mais j’avoue que j’ai tendance à un peu oublier la France, pour vraiment me fondre parmi les espagnols. C’est un objectif que je me suis fixé ici: m’intégrer le plus possible, je veux me sentir espagnol, une vraie allure de caméléon.

Combien de temps t’ont pris les démarches administratives ?

Trop! Le pire, c’est que même ici, alors que j’ai mes cours, mes profs, mes exams, mes notes, etc. il me faut encore envoyer des papiers à Lille 3, demain je dois passer au bureau Erasmus d’ici… ça me rend dingue, moi qui conchie toutes ces tracasseries administratives kafkaïennes. Les procédures ne sont pas vraiment uniformisées, ce qui est parfois orchidoclaste.

(Pax adore utiliser des mots que personnes ne comprend, vous l’aurez evidemment remarqué 😉

Et le cout du voyage il se monte à combien ? Le coût moyen par jour en Espqgne c’est quoi?

Je me sens pourri-gâté et assisté (je déteste me sentir redevable) mais l’argent n’est pas vraiment un souci ici. J’ai bossé cet été pour me payer l’ordi portable, certes un ordinateur portable pas cher et avoir un capital de départ. Mais mes parents m’aident généreusement, j’ai donc la chance de ne pas avoir à cumuler études et petits boulots, et les bourses sont assez conséquentes. A ce propos une uniformisation de toutes les bourses ne serait pas malvenue. Certaines sont versées tous les mois, d’autres juste pour X mois, d’autres sont versées en 2 ou 3 fois, parfois le montant change… c’est le foin. Un organisme devrait centraliser tous ces flux et transmettre la somme nécessaire à l’étudiant. Pour moi, recevoir le même montant tous les mois serait un moyen d’y voir plus clair.

Pour info je paye 350 € de loyer (tout compris même internet sauf l’électricité) en colloc (3 au total) un peu excentré, mais propre et au calme. Et pour 100/150€ par mois, je paye ma nourriture. Le reste, c’est de l’épargne ou de l’extra. Sinon avec EasyJet de Paris et Ryanair de Bruxelles, l’aller-retour Lille-Madrid tourne autour de 100€, ce qui reste correct.

Comment se sont déroulés les premiers jours ?

Avec un mal au ventre le tout premier jour! Je ne vais pas faire le cador, au début tu rames sec. Entre les gens qui parlent vite, avec un accent, dans leurs moustaches, les mots et expressions que tu dois deviner (et vite!), sans compter les nouveaux cours que tu dois choisir presque complètement au pif, nouveaux profs, nouveaux bâtiments, nouveaux camarades, nouvelles méthodes… au début tu piges 25% de ce qui t’arrives. Et puisque c’est insupportable, tu fais forcément des efforts et donc des progrès. Je dois dire que malgré une franche envie d’en faire le plus possible de moi-même, l’aide d’inconnus, de certains profs et des gens -qui deviendront mes amis- a été très appréciée.

Et au niveau langue, l ‘espagnol cela se passe comment ?

J’ai fait des progrès incroyables. Je me sens extrêmement fier quand on me complimente sur mon niveau ou mon accent. Le truc, c’est qu’en arrivant, on ne sait que parler un espagnol théorique, appris en cours. Je peux encore aujourd’hui te faire 3 pages sur la mondialisation, la crise, l’environnement, la politique, un peu d’histoire… mais pour demander ‘où sont les toilettes ?’ c’était une autre histoire. Sans compter que mon oreille n’était pas formée à entendre de l’espagnol, et puis c’est une langue à l’accentuation et prononciation changeantes selon les régions, ce qui n’arrange rien!

Quels sont les gros soucis que tu as pu rencontré jusque là?

A vrai dire, ce qui rentrerait dans la case ‘gros souci’ serait une visite à l’hôpital effectuée il y a 1 semaine. Mais en vérité, j’y ai du conduire une amie française de passage ici, après une mauvaise chute. Une façon originale d’apprendre la langue et les pratiques médicales =) Sinon, pas de gros pépins, que du bonheur.

As-tu vécu des aventures là-bas, une anecdote intéressante à nous faire partager?

Des aventures ? Pour moi, c’est tous les jours. Je me sens toujours autant dépaysé. Je me suis senti tout spécialement fier, à compter du jour où j’ai sorti ma première blague en espagnol (jeux de mot que je ne vais pas traduire, car c’était assez vaseux, mais dont je suis l’auteur). Lorsque tu comprends l’humour d’un pays, tu as l’impression d’en faire pleinement partie. Ce que j’adore aussi, c’est de découvrir moi-même des lieux sympas, que parfois les locaux ignoraient. Ou encore mélanger le fameux Maroilles à une tortilla (omelette améliorée), tout en faisant découvrir des bières belges, et en découvrant moi-même des spécialités allemandes, canadiennes, islandaises, anglaises, autrichiennes… Et oui, il y a de tout dans mon groupe d’amis, c’est plus que cool.

Qu’est-ce qui t as manque le plus ?

La bonne bière belge, un bon pain français, un bon fromage, des vrais croissants, les pains au chocolat, une chaine de télé ou deux de qualité (je pense à Arte et Canal+), une radio aussi intéressante que France Inter (que j’écoute encore, merci Internet et les podcasts), les Speculoos, les frites belges, Fluide Glacial…

Parler français avec des français fait du bien de temps en temps aussi.

Et bien sûr mes amis manquent ainsi que ma chère petite soeur.

menu en espagne

Quelles sont les plus grandes différences entre ce pays et la France selon toi ?

Politesse et savoir vivre existent en Espagne, mais sont deux notions qu’il faut réapprendre ici. Tout le monde se tutoie, les sols des bars et de certaines rues sont jonchés de papiers, mégots… La parole est plus directe, presque plus instinctive, sans être offensante. Il y a un temps d’adaptation nécessaire. Ils ont même un vieux ciné en plein centre à l’abandon, repris il y a quelques années, et tous les 1ers samedis, deux films ultra kitsch sont projetés (entrée gratuite), et il est conseillé de boire, fumer dans la salle, puis de commenter (en parlant, hurlant, chantant, dansant) l’action du film. C’est vraiment la folie.

Une chose aussi que j’apprécie particulièrement, c’est la siesta, véritable institution. De 14h à 17h (+/-) la plupart des commerces sont fermés, mais rouvrent jusqu’à 20, 21h.

Les lieux qui t’ont le plus marque, quels sont -ils ?

Le toit d’un musée où l’on voit quasiment tout Madrid, une station de métro abandonnée que l’on peut visiter, le musée Reina Sofía, le gigantesque campus, le réseau de transports ultra développé, n’importe quel bar de tapas, où, en commandant 3 ou 4 bières/sangrias, tu as assez à manger pour 3 jours, la Chocolatería San Gines, où, après une bonne soirée, tu te remets avec un chocolat chaud unique et délicieux, accompagnés de churros, qui n’ont rien à voir avec les trucs dégoulinant l’huile rance, vendus sur les plages du sud de la France.

Aimerais-tu vivre en Espagne ? Oui, non, pourquoi ?

Je pourrais y vivre, mais je n’ai aucune idée claire là-dessus à l’heure actuelle. Je me laisse encore un peu porter, je l’avoue.

Merci à Pax pour ce témoignage 😉