#Espagne – Barcelone, de ces rues pavées et ensoleillées pleines de formes délicates, étranges, à l’architecture audacieuse, et de ces céramiques colorées aux plages brûlantes de sable fin s’étirant au loin en passant par le rythme mélancolique des joueurs de violons, il ne me reste que de vagues impressions. Des vapeurs d’irréels. Je me rappelle…
de Bilbao, de Barcelone. de Madrid

De Bilbao, je me rappelle ces rues d’hiver battues par la pluie et les nuages gris, du musée Gugenheim et de l’exposition monumentale de Claes Oldenburg.

Je me rappelle de ces délices de jamón iberico à plus de 200 euros le kilos que l’on laisse fondre sur le palais avec de petites tranches. Je me rappelle de ces verres de vin se couplant parfaitement avec les succulents Pinxtos lors d’une discussion enflammée.

Je me rappelle avoir marché la nuit espérant y trouver l’inspiration qui me manque. Je me rappelle de ce joueur de piano au bar de l’hôtel. Je me rappelle du fracas de l’orage et de ses doigts qui dansaient sur les touches sous un air de jazz. Mélancolie parfaite de l’instant. Je me rappelle avoir voulu commandé un whiskey pour l’occasion même si je n’aime pas cela. Je me rappelle de cette interlude musicale comme si hier se prolongeait aujourd’hui.

Je me rappelle de ces parcours en vélo sur ses rues au lever du soleil. Je me rappelle trempant mes pieds dans l’eau à la morsure glacée avant de me désaltérer de jus de fruits frais à l’ouverture du marché de la Boqueria.

Je me rappelle de la symétrie des étalages qui me fascinaient.

Le matin, un rien me fascine en fait. Je me rappelle ces couleurs qui virevoltent sur les murs et ailleurs. Partout, dans les yeux des gens aussi. La mer sans doute. Le sel de la vie.

Je me rappelle ces grains de sable sous mes pieds.

Je me rappelle de ces femmes aux sourires malicieux qui croisaient ma route en me faisant rougir et souriant toujours aux beaux mecs marchant derrière moi.

Je me rappelle de ces nuits chaudes et endiablés que j’esquivais, maladroit que je suis et du clapotis des fontaines et des réverbèrent langoureux.

Je me rappelle de cette cathédrale que le monde prend en photos et de sa grue, sans raisons, sous un ciel bleu plein de promesses.

Je me rappelle aussi du gris des jours de pluie et des mouettes qui chantent sur les berges.

Je me rappelle de ces bateaux et de leur reflet dans l’eau. Pourquoi on se sent obligé de prendre ces images ?

Je me rappelle de ces couples qui marchent dans les ruelles, de ces vêtements qui pendent comme des drapeaux happés par le vent.

Je me rappelle de la lumière délicate des bougies dans les églises vides de monde. Je me rappelle de ma fausse piété et des mes prières intérieures.

Je me rappelle de ce drapeau espagnol flottant au vent et de ce cactus. Même si là, point de cactus.

Je me rappelle de cet homme regardant la ville sur la terrasse d’un café la surplombant, un cocktail à la main, que pensait-il alors? Etait-il bien, satisfait, tranquille, apaisé ?

Je me rappelle de l’accumulation de petites joies qui me rendaient mon sourire, les cheveux au vent, les pieds sur les pédales. Je me rappelle ces slaloms entre les passants. Je me rappelle ces petites joies simples ; définition d’un bonheur trop fugace.

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Je me rappelle des masures des bâtisses aux pierres blanchies, s’envolent les airs de ces joueurs de violons qui viennent mourir entre les ruelles.

Je me rappelle d’avoir pris le temps d’écouter, touché en mon âme dans le morne passage du jour.

Le temps, c’ est tout ce que j’ai alors je prends le temps de le perdre là ou tant d’ autres filent.Je me rappelle de la solitude des notes qui finissaient crucifiées entre les murs. Je me rappelle des doigts habiles des musiciens, concentrés, perdus dans leur songe, loin du monde.

Je me rappelle de ce petit vieux qui égayaient nos quelques pas prés de la gare et que personne ne vint remercier d’un tintement de pièce. Oui, je me rappelle de ce petit vieux perdu dans les ombres d’un kiosque à journaux, sous les arcanes de ses rides fatigués, ses mains continuent peut-être à jouer. Je me rappelle avoir eu le coeur serré sans raison. Par la musique ou la situation, je me rappelle.

Je me rappelle de ces fleurs près du kiosque à journaux, aux premiers rayons, alors que chez moi tout était blanc. Je me rappelle qu’ elles respiraient ce printemps qui chez moi s’oubliait.

Je me rappelle d’ autres fleurs, rouges, contre un mur blanc, pure, charmeur, hypnotisant. Je me rappelle m’y être assis, seul, comme toujours. Il pleuvait alors, sur Barcelone.

Je me rappelle de ballons qui me donnaient envie de voler sur un air de film de Disney.

Je me rappelle avoir prix des photos de tout et de rien. De choses étranges.

De gens étranges.

Et d’inclassables filant telles des étoiles dans le trafic.

Je me rappelle de ces hommes fatigués assis dans l’ombre, paumés, cramés, oubliés.

Je me rappelle que je suis finalement comme eux. Assis quelque part ou personne ne me voit, dans l’ombre d’une toile virtuelle.

Je me rappelle des reflets des gens qui passent se demandant sans doute que faisais-je là à photographier la devanture d’un magasin fermé.

Je me rappelle de mon reflet, méconnaissable. Je me rappelle du reflet des autres, insaisissable.

Je me rappelle être entré dans un restaurant vide et avoir mangé des plats délicieux en discutant avec le propriétaire et d’avoir oublié l’adresse. Le vin sans doute.

Je me rappelle un peu mais j’oublie beaucoup… heureusement, il y a les images… mais je me rappelle encore…