Nommer son ennemi c’est lui ôter une partie de son pouvoir. La dépression fait partie de moi. Aussi étrangement que cela paraisse, elle fait partie de ma vie. Je la combats au quotidien.
Donc il va s’en dire que je ne suis pas constamment une personne dépressive. J’ai des phases dépressives. Je peux sourire, sortir de -mauvaises- blagues, être créatif, énergique, préparer à dîner, partir voyager au bout du monde et marcher 15h par jour sur des centaines de kilomètres en trek puis m’affaler dans l’abrutissement telle une pierre inanimée. La dépression me suit, partout, où que je sois. Elle est totalement insensible à mon succès et à mes échecs, elle “est”.
Un peu comme Milou et Tintin. Nous sommes devenus inséparables.
Une force tellement puissante qu’elle vous cloue au lit sans énergie durant des heures, des jours, des semaines, où que vous soyez, quoique vous fassiez (d’où le “en voyage”). Manger devient une torture. Se laver. Sortir. Exister. Elle est cet écho dans votre tête qui vous répète que vous n’êtes rien, que vous ne valez rien. Cette voix corrosive emplie de noirceur à laquelle parfois on succombe.
J’ai succombé.
Une fois.
On ne sait pas comment cela arrive. Il y a un moment T. Un moment avant et un moment après. La maladie de ma soeur, mon impuissance à cette réalité, la culpabilité de mon impuissance, la mort de mon chien, un cafard courant sur votre peau qui vous réveille, hurlant seul dans la nuit dans ces chambres étudiantes insalubres, d’autres détails plus ou moins insignifiants, enfin, qui me paraissent aujourd’hui moins insurmontables qu’ils ne le furent autrefois… il y a des années.
La conscience que quelque chose ne va pas. La confession à certains. A un médecin. Bouée jetée dans le désespoir. Les médicaments. Un traitement inadapté ou une douleur chimiquement impossible à contenir.
La tentative de suicide.
L’internement à l’hôpital psychiatrique.
L’autre monde.
C’est ce séjour qui m’a changé je crois. J’ai vu cette ombre qui planait sur moi. J’ai senti physiquement son impact face à cette part rachitique de moi-même que j’étais devenu en mon âme et en mon corps.
La dépression est encore une sorte de tabou que l’on arrive difficilement à combattre. A nommer. On a du “courage” d’en parler comme si, d’une certaine manière, oser affirmer que tout ne semble pas aller dans le meilleur des mondes vous collait une étiquette sur le front : “Attention, dépressif, à manier avec précaution”.
La dépression est le Voldemort de notre monde moderne.
Je crois qu’il ne faut pas forcément nous manier avec précaution. Arriver à faire rire un dépressif est sans doute la meilleure chose que vous pouvez lui apporter. C’est d’ailleurs un signe que vous avez un don pour la comédie. -une reconversion professionnelle s’impose peut-être ?- Il n’y a pas plus difficile public qu’un dépressif, croyez-moi. On n’est tellement dans le noir, on est tellement dans le trou que ce que vous prenez pour un rictus de total indifférence est peut-être un fou rire caché. Tant qu’on n’est pas mort de rire tout va bien.
Mort… De rire… #BlagueDeDépressif
Les gens acceptent la douleur et apportent le réconfort lorsque vous vous cassez un bras et que vous êtes momentanément mal au point. Parce que cette brisure physique se résorbe avec le temps. La dépression fait fuir les gens.
Car ce n’est pas physique, la blessure n’est pas visible, c’est psychique. Car c’est délicat. Car le contact des autres n’apporte pas forcément de rémission, il n’y a pas de solution immédiate. Il y a juste un puits de chagrin dans lequel on a l’impression d’être entraîné si on s’approche trop de la source. Comme une maladie contagieuse.
Car la dépression est une maladie. Un état comme un trou noir de souffrance, dont l’auteur lui-même ne peut expliquer la cause exact. Elle l’englobe. Il ne peut pas vous dire cela fait mal “là”. “Là” représente parfois sa vie elle-même. Il ne peut pas vous promettre que “cela ira mieux demain”. C’est un pronostique aussi efficace que la météo. Et c’est douloureux de voir quelqu’un que l’on aime sombrer peu à peu. Voir que sa vie nous échappe, que l’on n’y peut rien. On est aussi conscient de cela c’est pour cela que l’on a ce stigmate de la honte qui nous pousse bien souvent à nous taire. A enfouir cette douleur. A jouer un rôle. A souffrir en silence. Mais la profonde dépression ne se soumet pas à notre volonté. Elle prend son temps. Elle ronge vos forces vitales.
Pourquoi, comment ? Il y a des éléments émotionnels déclencheurs, on peut les identifier : un décès, l’arrêt de drogues; une charge émotionnelle forte… Mais ils ne sont pas immédiats. Ils ne sont pas tous tangibles. Il y a aussi des prédispositions génétiques. Tout le monde ne réagit pas comme une démonstration mathématique. Si A alors B. Si décès alors dépression.
Non.
La dépression ne suit pas forcément une logique.
Il n’y a pas de recette.
“Pour une bonne dépression, vous prenez 1 décès, vous saupoudrez de 2,3 problème professionnels et vous ajoutez une pincée de fuite d’eau dans la salle de bain, c’est ce qui révèle toute la saveur. Les plus délicats remplaceront la fuite dans la salle de bain par un pneu crevé. S’accompagne idéalement d’un licenciement. Le chef conseille une rupture sentimentale en dessert”
Il n’y a pas une échelle de peine universelle qui, dépassée un certain seuil, conduit chacun à la dépression.
Ma soeur est morte de sa maladie des années après que cette même maladie m’eut conduit à ma dépression. J’étais en voyage en Islande. Je n’ai pas fait de dépression. J’ai eu une période de deuil. Mon grand-père est mort l’année d’après. J’étais en voyage au Népal. Je n’ai pas fait de dépression. J’ai laissé allé mes émotions en marchant. J’ai pleuré en déposant une écharpe népalaise au camp de base de l’Everest. Ma manière de lui dire adieu. J’ai fait mon deuil.
Il y a une grosse nuance. Je ne suis pas devenu insensible. La maladie, qu’est la dépression, n’a simplement plus eu d’emprise sur moi. J’éprouvais une grande tristesse, j’éprouve toujours de la tristesse, mais ce n’était pas une dépression.
A la fin d’une période de deuil, on est censé mieux fonctionner qu’au début de celle-ci. Si c’est pire, ce n’est pas un deuil, c’est devenu une dépression.
La dépression a failli m’empêcher de devenir ce que je suis aujourd’hui car j’étais arrivé à un niveau de douleur et d’anxiété où je souhaitais seulement que cela s’arrête.
La dépression est quelque chose d’absurde par essence. J’avais des crises de panique à l’idée de sortir de chez moi pour m’acheter à manger. Quand j’y pense à tête reposée, longtemps après, oui, j’en ris moi-même.
Mais pour une personne en dépression sévère, cette terreur et cette douleur interne qui l’emprisonne est palpable.
De l’extérieur, il est difficile ne serait-ce que comprendre la logique de cet état. Croyez-bien que nous aussi on aimerait ne pas subir cette tyrannie psychologique que vit nos corps et notre esprit. On est l’unique membre d’une secte dont la dépression est le gourou impitoyable. Le pire, quand bien-même, vous trouvez en vous la force, qui vous semble inhumaine, de faire ce que tant de millions de personnes semblent faire le plus naturellement du monde comme : faire les courses, vous levez, prendre une douche, vous êtes totalement conscient de la surréalité de cette situation. Au lieu de vous félicitez de votre -petit- pas en avant, car oui, à ce moment là, sortir faire les courses fut, pour vous, une victoire personnelle aussi difficile qu’un marathon, vous vous accablez de votre incapacité à fonctionner normalement. C’est un cercle nocif. Chaque tentative de fonctionnement normal, “normal” comme l’admet la société, nous use.
Maintenant je connais la dépression. Je la reconnais. Je la regarde en face. Je connais ces humeurs que j’accepte parfois. Je ne force plus son courant lorsqu’il est trop fort pour mieux me laisser entraîner et me maintenir à flot après avoir préservé mes forces. Je ne me fais pas le dénie de son pouvoir de nuisance. Je m’adapte. Je sais qu’elle m’a entraîné au fond. Je ne me crois pas invincible face à elle. Elle est cet ennemi sournois qui essaiera toujours de faire s’écrouler le royaume de ma vie que je peine chaque jour à construire.
Contre ce poison qui tue en silence, il existe des remèdes. Des soins. Avoir frôlé la mort m’a amené à produire une résistance naturelle. Les pensées sombres me mettent parfois à genou mais je ne pourrai plus être abattu.
En voyageant, le monde, les gens, les paysages m’ont empli de trop de moments de bonheur pour que la nuit puisse ternir irrémédiablement leurs éclats. Alors quand je vais mal, si mal que rien ne semble bon de continuer, je tends la main vers la chaleur de ce qu’hier j’ai vécu et de ce que demain, encore, pourra m’apporter.
Malgré tout ce qu’elle m’a fait endurer et ce qu’elle s’évertue encore à me faire subir quelques fois, je lui suis reconnaissant. Je sais, c’est étrange. Elle a détruit une partie de moi-même. Elle a tué une partie de moi-même. Elle a presque réussi à me mettre entre 4 planches.
– La garce ! Aucune compassion et aucun pragmatisme. Une personne qui ne vit plus n’est plus déprimée puisqu’elle ne peut plus subir l’état dépressif. Du coup, si la dépression est une entreprise, elle fait faillite puisque son principal client n’est plu… –
La personne qui résulte de ce combat n’est plus la même. Je ne me sens pas faible par le fait d’avoir souffert. Je me sens pas faible ni honteux de parler de cette souffrance. Peut-être est-ce manque de pudeur vis à vis de qui je suis réellement et non vis à vis de ce en quoi la société souhaite me transformer : un consommateur docile et “heureux”, un pourvoyeur de bonheur aseptisé, peut-être est-ce cela qui me préserve de ne pas succomber de nouveau.
J’ai acquis la force d’accepter mes faiblesses et mes limites. Etre simplement qui je suis. Et qui je suis n’est pas l’image que je renvois et qui est perçue par ceux qui m’entourent. Mais ce n’est pas grave. Je pense que tout le monde a quelque chose de brisé en lui. TOUT le monde. – Oui, même Trump – Et chez certains, cette brisure se manifeste différemment. Parce que cette image de perfection n’existe pas. Je n’ai pas à m’identifier à cette image ni à m’adapter à son moule réducteur. Notre psyché, notre personnalité, ne se réduisent pas à être un simple élément productif et satisfait de la vie, opérationnel en tout point, en tout temps, sans émotions, sans remords, sans douleur, telle une machine. C’est plus complexe que cela. On n’y peut rien de ressentir cette peine.
Vous pensez qu’on se lève le matin avec un air, du genre “Chérie, ou est-ce que tu as mis mon costume de dépressif. Je n’arrive pas à le trouver. J’aimerai bien le mettre aujourd’hui et… probablement le garder pour les 3 prochains mois ?”
On n’a pas choisi la dépression. On la subit. Elle nous détruit.
Il y a d’ailleurs une sorte de grâce inhérente au fait d’avoir réussi à dompter la dépression. C’est comme une renaissance. Une résurrection. On est revenu de l’enfer, notre enfer, on est là pour en témoigner. Cet enfer dans lequel on a entraîné des proches, parfois.
La vie, notre vie, prend une autre perspective lorsqu’on prend conscience qu’elle faillit ne plus être.
On ne regarde plus la lumière de la même façon lorsque l’on a vécu dans la nuit pendant ce qui me fut une éternité.
A toi qui est derrière l’écran et qui souffre peut-être comme j’ai souffert, voir plus encore, sache que l’on peut en parler. Que l’on doit en parler. Qu’il y a des structures. Des soins. Ce n’est pas parfait mais cela existe. Sache que l’on peut vivre avec à défaut d’en guérir et qu’une vie future, plus lumineuse, plus joyeuse, existe, avec des hauts et des bas, malgré cet état noir dans lequel tu te trouves actuellement.
Je croyais que la mort était la seule issue.
Je me trompais.
(si, si, je me trompais. J’ai des années de voyages pour le prouver et t’enfiler des dizaines de milliers de photos et des centaines d’anecdotes pourrait être un épisode de torture plus douloureux que la mort si tu continues à remettre mes arguments en question 😉
Cela n’est pas facile de dompter la dépression mais c’est possible.
Voir le monde m’a guéri.
Tu peux être guéri.
Ta vie ne se résume pas à la souffrance que tu peux subir actuellement.
“De la noirceur naîtra la lumière,
Car même dans les plus abyssales ténèbres
Il y a de la vie
Il y a de la vie…”
ps : la forme initiale de cet article était plus courte et ne comportait aucune forme d’humour, d’auto-dérision, ni de gif. Elle était en quelque sorte trop sérieuse et tragique à mon goût. Je les ai ajoutés par la suite. Parce que je suis arrivé à un stade où je peux et veux en parler librement. Parce que je peux aussi en rire. Etre sujet à la dépression ne signifie pas que l’on a abandonné le rire et l’humour… Et, si cette forme d’humour maladroite arrive à te faire décrocher un sourire en plus du fait de te faire prendre conscience que ce que tu ressens n’est pas anormal, que tu n’es pas seul… alors cet article n’aura pas été totalement inutile.
- Photo couverture : voyage au Chili | photo article : Keanu Reeves en enfer, film Constantine
- Extrait film : V for Vendetta
- Musique écoutée : Lana del ray : summertime Sadness
- Vidéos regardées :
- Online comic : Hyperbole and a half
- Article intéressant de collègues
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Merci de mettre des mots sur la “Démone” (c’est le nom que je donne à ma dépression depuis que j’ai lu ton article !). Et merci pour ce beau message d’espoir. Posologie: Lire, relire et faire lire aussi souvent que nécessaire
Je vais m’appliquer ma propre posologie ^^
Je vois mon compagnon de route comme une sorte de anti-héros relou chiant de mon côté.
Une cape qui flotte, un costume avec des tâches où il y a en gros SDM. Super Depressif Man que j’appelle affectueusement Sale Dinde aux Marrons.
Je ne comprends que trop bien, c’est très touchant et franchement tu as du courage de parler de ça ici, bravo ! Je t’envoie plein de bonnes ondes <3
Merci Cora pour tes bonnes ondes :p
Foutue maladie.
Ma mère est dépressive, et depuis quelques années j’ai réussi, moi, à prendre du recul vis a vis de ça. Ca me bouffait trop ! J’ai pris conscience que je ne pouvais pas aller mieux à la place de ma mère. On pourrait croire à présent que je suis sans doute sans coeur et très froide, mais c’est plus fort que moi, ça me repousse plus qu’autre chose. Je pense aussi que ma mère est bipolaire ce qui n’arrange rien et c’est parfois très dur à gérer.
Je sais qu’elle n’a pas eus une enfance facile, et ces dernières années l’ont beaucoup affecté pour X et Y raisons et j’en suis consciente mais c’est trop pour moi… Notre famille éclate en morceau au fil du temps, à cause de ça, et d’autres problèmes lié à ça.
Il m’est arrivé plusieurs fois de devoir appeler les urgences alors que ma mère essayait de se donner la mort, elle n’en pouvait plus, elle a failli réussir. On se sent horrible de penser ça, mais parfois on en venait à se dire qu’elle serait libéré d’être aussi malheureuse dans sa vie…
Ton article m’a beaucoup ému et je me sens si impuissante pour ma mère.
Il n’y a malheureusement pas toujours de solution Elo. En tant que personne avec des phases dépressives, j’avais (j’ai) une énorme culpabilité du fait de potentiellement tirer mon entourage dans le gouffre dans lequel je me trouvais. Beaucoup de gens le cache. Mais il y aussi des cas comme toi où tu subis énormément et cela te ronge. Je comprends ta situation…
Parfois, pour son propre bien, pour sa propre santé mentale et physique, il faut s’éloigner et trouver des structures adaptées pour les personnes dépressives car dans certains cas, l’entourage est tout simplement impuissant à pouvoir aider et soutenir le malade en toute situation, en ayant, en parallèle, ses propres problèmes et sa propre vie à gérer de son côté.
Personnellement je ne pense pas que l’on puisse juger ce genre de situation sans l’avoir rencontré car c’est très usant comme épreuve à vivre.
Piotr,
Chapeau à toi!
Ce commun ennemi est arrivé dans ma vie il y a 4 ans.
J’ai cru qu’il est parti suite à la fin de mes études de master, suite à un rêve accompli.
J’ai arrêté progressivement le médicament et j’ai entamé un nouveau rêve, le voyage avec mon frère.
Mais ce foutu ennemi est revenu et m’a clué au lit et dans mon passé et dans les idées suicidaires.
En tout cas, chapeau à toi.
Et j’aimerais te poser une question personnelle, si tu peux répondre, est ce que tu te sers toujours des béquilles (AD)?
Merci
Aleks
Hello Aleks,
Non, je ne prends pas de béquilles… cela n’est pas facile tous les jours mais je préfère la solution naturelle. J’essaie d’être créatif et de m’occuper l’esprit. 😉
Quel joli texte qui explique tant de choses qu’un depressif n’ose pas dire. C’est courageux d’en parler et je crois que c’est ce qui montre que tu arrives désormais à vivre avec. Tes mots me font réfléchir en tous cas car je suis spécialiste pour m’en vouloir de tout ce que je n’arrive pas à faire, ce qui renforce mon mal être. J’espère un jour réussir à maîtriser tout ça tout comme toi même si mon chemin est différent. Merci pour ce partage à cœur ouvert ☺
Disons que c’est une cohabitation par défaut ^^ Si j’avais le choix, je me passerai bien de cette compagnie.
On ne dompte jamais la dépression. Cela dépend des phases. Parfois elle nous abat, parfois elle nous laisse tranquille.
Piotr
Depuis notre vieille rencontre web sur un forum de discut, je suis toujours en sous marin ce que tu fais 🙂
Aujourd’hui je prends la plume.
2003 est mon année de descente aux enfers, celle où j’ai voulu me jeter sous un camion, celle où plein de choses ont rejailli dans ma vie, celle où les vannes de noirceurs se sont ouvertes, celle où la plus insignifiante des choses du quotidien devenait effrayante à mes yeux… Depuis, avec pas mal d’aide et de bienveillance, j’ai réussi à remonter la pente, à trouver des clés pour avancer et à accepter certaines choses. J’ai appris à vivre avec car oui je sais qu’elle est toujours là tapie quelque part.
Piotr j’ai juste envie de te dire que tu écris d’une façon magnifique et tellement juste …. Continue à avancer et à savourer les bonheurs de la vie <3
Hello Valérie,
On s’espionne mutuellement alors ^^
Merci pour ton témoignage.
Continuons à avancer comme tu le dis, c’est notre manière de combattre l’ombre qui se tapie dans nos vies !
Merci pour ce bel article!
Je dois dire que j’ai une certaine chance, je pense être passée “à côté” de la dépression, j’ai grandi avec, mais au travers de mes parents, et de leurs maladies mentales qui allaient plus loin que ça. Je crois avoir eu un épisode dépressif, au collège, après une grosse déception de famille d’accueil, mais à l’époque, je crois que j’avais fini par “passer au dessus”. Et crois moi ça peut être tout aussi fatiguant parfois d’avoir en automatisme de “passer au dessus” de tout.
Bref, en tout cas, c’est très beau ce que tu dis sur le voyage, très beau d’y avoir trouvé le moyen de te ressourcer, de “composer” avec une maladie qui t’ôte le goût de tout.
Des bises !
Des bises Malyciel. Merci pour ton témoignage…
Juste… Waouw !
Je ne sais que dire, tant de mots si bien placés, je ressens ce que tu ressens.
De fait, je pense en avoir fais le tour ces dernières années, mais je pense aussi que l’on ne s’en défait jamais complètement.
Et si, plutôt qu’une maladie qui nous ronge, c’était le signe du monde malade dans lequel nous vivons !?
Et si, au lieu d’un signe de faiblesse, c’était une étape nécessaire pour des personnes qui ont tendance à vouloir rester fortes en toutes circonstances, sans jamais accepter leurs faiblesses, et que cela nous permettait d’apprendre le lâcher-prise, d’arrêter de vouloir contrôler, de reconnaître nos points faibles, comme nos points forts et, au final s’accepter tel que l’on est.
Il y aurait tant à dire qu’il m’est impossible de le résumer en peu de lignes.
Quoiqu’il en soit, je te remercie pour ce billet, dont j’ai pris un réel plaisir à le lire et ressenti une véritable résonance avec mon vécu personnel.
Au plaisir de te lire encore…
“Et si, plutôt qu’une maladie qui nous ronge, c’était le signe du monde malade dans lequel nous vivons !?”
Je ne pense pas que ce soit uniquement le signe que le monde va mal car alors tout le monde devrait être déprimé. 😀 Certains fonctionnement très bien malgré tout.
Non la dépression est une vraie maladie mais des facteurs peuvent l’aggraver et être sensible à ce qui se passe autour de nous, être altruiste, doit aussi y jouer. Personnellement je pense aussi que ce monde ne tourne pas rond… et il y aurait tant à dire comme tu dis.
Merci pour ton message Daneros
merci pour cet article, c’est exactement ça, j’apprend à vivre avec aussi depuis mes 15 ans (j’en ai 36). Les seules personnes à avoir compris étaient d’autres personnes atteint de la même maladie, pour les autres, j’ai abandonné depuis longtemps, comme tu le dis bien, ils vont te comparer ça avec un rhume ou une gastro ET surtout une bonne part de fainéantise. (un bol de lait chaud, une bonne nuit de sommeil, debout à 6h et hop c’est fini hein !).
Le fait d’expliquer qu’il est possible de vivre avec est très important et je t’en félicite, cela peut aider certain surmonter les “creux de vague” qui peuvent être très douloureux au point d’en avoir mal physiquement, mais ça passe et on peut le gérer.
Et ne plus s’attarder sur les réflexions des gens qui ne SAVENT pas de ce dont ils parlent !
Ex:
-mais t’es tout le temps malade ! (sous-entendu, t’as rien)
-Vas dormir tôt, tu verras tu sauras te lever tôt (en crise insomniaque… bonne chance)
-Faut se battre hein, la vie c’est dur, pas le temps de s’apitoyer sur soi même. (non j’suis pas déprimé putain d’imbécile heureux, c’est mon corp qui me dit merde)
-allez, dis le, pourquoi t’es comme ça? qu’est-ce qu’il y a? (réponse courte: j’suis pas bien, pas envie de parler: réponse longue: “..on la donne jamais elle est vraiment trop longue ^^”)
-moi j’ai déjà été déprimé, bon j’ai fais ce qu’il faut, me suis bougé le cul, moi moi moi …(celui là: 2 balles dans la nuques direct ^^ je rigole hein)
c’est du vécu encore récent. ça vous parlera peut-être, maintenant j’en rigole sinon ça peut rendre fou.
A plus et encore bravo pour l’article.
Il y a plusieurs niveaux de dépression. Avant ma dépression sévère je dirai que ce fut une longue côte descendante. Actuellement c’est plutôt des vagues sur lesquelles je surf.
Comme tu le dis, cela pend rendre fou car ce n’est pas facilement compréhensible par d’autres. Tant que tu ne le vis pas ou ne l’as pas vécu toi-même, le mot qui revient le plus souvent quand les gens écoutent vraiment c’est “absurde” car il y a une part d’absurde dans cette douleur physique quotidienne.
Après, comme toi, j’aime bien aussi en rire de cet état. C’est ma manière aussi de le combattre et de récupérer cette vitalité que cette maladie absorbe.
et bien c’est encore exactement ça, comme tu le dis il y a plusieurs niveaux de dépression, pour ma part aucun spécialiste n’a jamais pu m’aider ni même comprendre (souvent on te gave de médocs et puis bonne chance, ce que j’ai arrêté), j’ai eu également une dépression sévère et actuellement des “vagues”, pour autant je suis quelqu’un de curieux sur tous les sujets et ayant de bonne connaissances dans certains domaines ce qui justement heurte les gens en général car dans leur préjugés ils ne s’attendent pas à ce que quelqu’un dit: “dépressif” aie du bagout, de l’énergie (pas tout le temps ^^), soit fédérateur sur des projets créatifs ou autres, soit positif etc. Je connais quelques dépressifs depuis longtemps autour de moi et il est un fait que ce sont des gens créatifs, curieux, intelligents, bourrés d’idées et ayant une conscience approfondie des choses de la vie. D’ou ce que j’ai vu dans un des commentaire ici, est-ce peut-être un trop grande sensibilité au monde qui nous entoure par rapport à d’autres lobotomisés par des médias abrutissants et des quêtes de superflu ? …..
“ils ne s’attendent pas à ce que quelqu’un dit: « dépressif » aie du bagout, de l’énergie (pas tout le temps ^^), soit fédérateur sur des projets créatifs ou autres, soit positif etc. ”
En effet. Mais c’est un paradoxe. Il y a pas mal de gens qui ont réussis, des stars, des humoristes, des gens avec de fortes personnalités qui sombrent malgré le succès, malgré le fait qu’ils ont “tout” pour être heureux. Robin Williams, un acteur que j’appréciais beaucoup, à l’humour incisif, était un dépressif.
Je ne sais pas si les gens dépressifs n’ont que des qualités… me regardant, je sais que non ^^ Mais peut-être que ces qualités se renforcent dans notre combat contre la dépression dans un phénomène de compensation…
merci d’avoir réussi à en parler ainsi. Tu as su grandir à chaque épreuve et renaitre comme un Phoenix, malgré la dépression nous ne sommes pas des déprimés mais des humains avec un bagages de douleurs et de sensibilités, mais la force et de continuer et renaitre plus fort et plus beau à chaque fois.
Merci d’avoir mis des mots sur des sensations.
Bonne route à toi
foxy
” malgré la dépression nous ne sommes pas des déprimés mais des humains avec un bagages de douleurs et de sensibilités, ” très bien dit foxy. Merci pour ton message 😉
Bonjour Piotr,
Contrairement à Jenny, c’est la première fois que je lis.
C’est pas possible, tu vis en moi
Je viens seulement de prendre conscience de mon état à vrai dire (j’ai 36 ans) et mon mari ne me comprend pas …
Je voudrait qu’il puisse lire ton article (tu écris tellement bien et tellement juste !) mais c’est un fénéant de la lecture !!
Bien que, comme tu dis, peu importe la raison de son retour ; Un mal de dos qui revient, un café raté un matin difficile, le monde qui tourne mal … J’ai l’impression que la source de tout ça chez moi est une hyper sensibilité de mon petit intérieur profond.
Comme si j’étais fragile, impuissante, une personne à rassurer alors que tout le monde me connait comme étant l’inverse. Forte, intelligente, qui fonce dans le tas … Et si ça ne marche pas pour nous on pourra toujours être acteur !
Pour ma part, et je ne sais pas si je fais bien, je suis à la recherche de la cause de cet état de fait. Évidemment il y a mille raisons …
Et si tout simplement cela venait de hyper sensibilité ?
Et toi te sens-tu hyper sensible ?
Encore merci pour tes mots, ils ont un peu enlevé de mes maux
Jessica, Belgique
Peut-être que si tu lui expliques de faire un effort car derrière les mots d’un étranger il y a ce que tu ressens… s’il tient à toi il devrait être capable de faire cet effort (et non je ne dis pas cela pour gagner des lecteurs ^^)
Tout peut être la source de mal être et ces choses qui aux autres paraissent insignifiantes deviennent notre monde…
Il y a aussi de l’hyper-sensibilité. Je ne sais pas si le fait d’être dépressif nous rend hyper-sensible ou si on l’est déjà naturellement… mais chez moi il a de cela aussi.
Chez d’autres dépressifs, parfois des stars reconnus, tu retrouveras cette hyper-sensibilité associée à la dépression.
Si tu cherches, tu trouveras des facteurs qui nous ont conduit à la dépression peu à peu. C’est un cumul. Il y a des moments et périodes “déclics”
Merci en tout cas pour ton message Jessica et je te conseille de forcer le dialogue. C’est pour moi indispensable d’être compris et soutenu, non rejeté. Car sans soutien, on s’enfonce encore plus.
Vivre tel un automate regarder autour de nous et voir les gens aller et venir comme une scène de film ou je n’ai pas mon rôle ou je suis spectatrice se croire seule derrière l’écran . Puis un matin tomber sur cet article au titre si évocateur et commencer à lire ne plus pouvoir s’arrêter avoir enfin le sentiment de ne pas être seule !
Je veux juste te dire merci vraiment merci de réussir à exprimer ce qui est en moi sans que je puis y mettre les mots ou la forme!
Au plaisir de découvrir ton blog et d’autres article au gré de mes vadrouilles !
Ah le phénomène de dépersonnalisation, j’ai connu cela aussi. Moins maintenant ou alors je me dis que je suis le marionnettiste en chef 😉 (chacun sa méthode pour supporter le phénomène, tant que cela marche 😉
Nous ne sommes pas seuls Laetitia . La dépression touche beaucoup plus de personnes que l’on croit.
Bon, je ne suis pas fier de tous mes articles, il m’arrive rarement d’être bien inspiré mais je peux te conseiller…
Lié au voyage : https://www.bien-voyager.com/tu-devrais-partir-voyager-seul-maintenant/
Lié à mon ascension du Kilimandjaro : http://www.1001-pas.fr/afrique-tanzanie-ascension-kilimandjaro-recit/
Et si tu meurs là-haut : https://www.bien-voyager.com/tu-meurs-haut/
A bientôt Laetitia 😉
Piotr, ce n’est pas la première fois que tu réussis à me faire pleurer, mais là, tu touches une corde particulièrement sensible… Je te dis bravo de réussir à parler ainsi de cette souffrance, ça n’est clairement pas donné à tout le monde… Au plaisir d’en parler avec toi prochainement!
Je pense que je touche une corde chez beaucoup car on n’est pas seul. On se retrouve beaucoup dans ce constat.
Au plaisir d’en discuter lors d’une rencontre Jenny. 😉
J’ai refusé les traitements médicamenteux (ou en tous cas pas en suivant les prescriptions).
J’ai essayé à la place toutes sortes de drogues ou de mutilations physiques et psychologiques à la place, sans m’en rendre compte.
Je les appelais : “couple ou amitiés, qui ont besoin de moi pour vivre, au détriment de ma santé (=faux amis, à côté desquels ma présence physique est importante pour leur égo)” “amis d’enfance qui ne s’intéressent plus à moi (=personnes que j’aime et qui vivent leur vie, dans laquelle je ne me sens pas à ma place)” “fêtes pour m’échapper (=défonçage de tête pour tuer mon esprit critique, mon intelligence, ma personnalité que certainement personne ne doit aimer)
J’apprends à aimer la vie. Pour ça j’ai arrêté de manger des animaux morts.
J’apprends à m’aimer. Pour ça je ne donne plus mon temps, mon corps et ma personnalité à qui me le demande, sans même m’aimer.
J’apprends que les autres ne sont pas plus forts que moi. Ainsi je m’autorise enfin à rappeler mes vrais amis.
J’apprends à être fière de ce que j’ai vécu, la force qu’il me faut pour être là aujourd’hui, la force qu’il me faut pour en parler afin que mon expérience serve.
J’apprends a apprécier ce que mon vécu a apporté à ma personnalité, en me séparant de mes dépendances, à accepter que certaines personnes soient heureuses de me voir, et soient fières de moi.
À accepter ce passé dur et même à l’aimer parce qu’il est passé.
À accepter l’espoir de l’avenir.
Merci merci de m’avoir rappelé par ton texte que je suis dépressive. Ça m’empêchera peut être de repasser par là.
Ton texte est beau, ta démarche de partage est lumineuse, ton courage est scintillant.
On va tous mourir ^^ mais autant profiter de chaque chance qu’on a, le contraire serait indécent et irrespectueux pour ce qui n’en ont pas, et pour les gens qui nous aiment, surtout ceux qui n’ont plus la chance d’être là.
Peace love love
Ah ah… “On va tous mourir ^^ mais autant profiter de chaque chance ” #ParoleDeDépressif
Comme tu le dis, on essaie beaucoup de choses, beaucoup de remèdes plus ou moins efficaces. Pour certains cela sera la chirurgie, d’autres la médiation, une rencontre etc… un peu de tout.
Il y a un vrai travail de reconstruction, de combat contre soi-même, au quotidien… je le fais aussi à ma manière, avec cet article.
Merci pour ton message