-35 au thermomètre. 6h du matin. Un air sans nuages. Joyeux présage. Un air si vibrant qu’il semble fait de mille aiguilles. Respirer m’est un plaisir douloureux. C’est comme une bouffée de pureté après une trop longue apnée dans les cités. Ce froid, c’est un peu comme le parfait chez moi. La neige recouvre les immensités. Forêts et plaines sont inondés d’un blanc océan. Fragile cocaïne.
Les lumières hivernales sont rosées et rasantes. Elles peinent à réchauffer les corps chaudement habillés qui titubent dans le froid tel des bonhommes Michelin ivres.
On monte sur les motoneiges comme d’orgueilleux cow-boys. Les moteurs vrombissent. Les corps tremblent presque d’excitation. On reçoit quelques instructions que l’on écoute d’une oreille. Pas plus de 60km/h sur les espaces dégagés. Pas plus de 30km/h en forêts. Il y a une seule femme dans le groupe. Elle fera route avec moi. La piste verglacée m’apporte le même plaisir qu’un scooter des mers, quelques couches de vêtements en plus. Je suis, sagement, durant quelques temps, les consignes. J’endors ainsi la méfiance de ma passagère. Et puis je me laisser aller.
L’ivresse de la vitesse est une drogue dont on se passe difficilement. Les hormones mâles nous procurent un sentiment d’invincibilité. On fonce dans la poudreuse sans limites. Le cadran s’affole, le guidon tremble, notre coeur s’emballe 70, 80, 90 km/h. Je galope dans le silence sur mon cheval mécanique. Le vent fouette mes joues découvertes, la température ressentie doit être de -50. J’ai l’impression que ma peau se craquelle. Je poursuis, euphorique. Ma passagère se crispe et s’agrippe fermement en me coupant le souffle. Elle me demande si je respecte la limite. Je hoche la tête. Bien sûr que je respecte la limite… enfin, je respecte ma limite. Pieux mensonge. J’y pense en souriant et j’accélère. Je crois qu’elle est furieuse. A mon plus grand plaisir, elle se vengera en me faisant subir ce qu’elle a elle-même subi. Les secousses, le manque de contrôle…
Anecdote amusante : au Québec, on appelle la moto neige Ski-Doo à cause d’une erreur topographique (elle devait s’appeler la Ski-dog à la base, en remplacement des traîneaux à chien probablement) 🙂 Au Canada, il est devenu de plus en plus populaire d’effectuer de longues expéditions de motoneige de plusieurs jours. Avec 400 000 km de sentiers en Amérique du Nord selon l’ISMA (en 2011), il y a de quoi faire ! L’un des plus prestigieux raids en motoneige est le raid Harricana (« long chemin » en algonquin) sur 2000km. L’idée de ce raid en motoneige fut d’ailleurs lancée par Nicolas Hulot
Concernant la vitesse, les motoneiges récentes peuvent atteindre des vitesses de 200 km/h et celles en circuit, 260 km/h… et pour ceux qui s’imagineraient que ce ne sont que des machines lourdes et dénuées de grâce, ma foi, entre des mains expertes, on peut faire cela 🙂
Le Canada en hiver
Depuis que j’ai découvert le Canada en parcourant une de ses régions cet été, le Québec, je suis tombé sous le charme et je ne peux m’empêcher d’imaginer à quoi pourrait ressembler un séjour motoneige au Canada. Si les régions de Lanaudière, Charlevoix et St-Michel-des-Saints sont parfaites pour ce type d’activité, d’autres grands espaces canadiens m’attirent. L‘avantage d’un voyage au Canada pour les activités sportives, par rapport aux pays nordiques comme la laponie Finlande, est le temps d’ensoleillement qui est plus long (le 21 septembre, au solstice d’hiver à Yellownife, il y a 6,5 h d’ensoleillement alors que Rovaniemi ne voit pas la lumière du jour du 15 décembre au 10 janvier). De fait, on peut se permettre des balades plus lointaines en profitant du soleil lors des sessions photos.
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Une aurore boréale canadienne en temps réel
Et puis il y a aussi l’envie de voir ça… une aurore boréale. Une vraie. Pas un truc que seul votre appareil photo peut capturer avec une pause longue et que vos yeux ont du mal à discerner… 3 ans que je voyage et à chaque fois, j’en ai manqué une de peu. Peut-être que je ne l’ai pas encore assez mérité… Voici une vidéo d’une aurore boréale prise à Yellowknife, Canada par Kwon O Chul qui réalise par ailleurs de magnifiques vidéos (je vous conseille de jeter un oeil sur sa chaîne). C’est en temps réel, ce n’est pas une time lapse. Admirer une beauté pareil, c’est rayer définitivement de sa bucket list un rêves de gosse. Peut-être en 2015… je croise les doigts.
J’ai jamais vu ça de ma vie, il faut dire que je ne suis aussi jamais allez dans un coin qui gèle
mais j’imagine qu’en réalité c’est plus magnifique qu’ en vidéo
Peut être plus miser sur l’islande pour l’aurore boréale.
Mais, même sans ça, ton article donne vraiment envie d’aller faire un tour au Canada en hiver..!
Mais c’est en projet 🙂
À quand les radars pour motoneige Piotr 😉
Pourquoi parler de choses qui fâchent… 🙂
“Peut-être que je ne l’ai pas encore assez mérité… ” Ça a l’air de parfaitement expliquer le sentiment que beaucoup de voyageurs ressentent. J’espère moi-même avoir cette chance un jour !
Rien ne presse. Il faut savourer l’attente.
moi aussi je rêverais…mais plutôt chiens de traîneau d’ailleurs…
On va moins vite 🙂