Interview de Johan parti au Japon 

Salut Johan, tu peux te présenter en quelques phrases ?


Aujourd’hui je suis étudiant en stage de fin d’études à Paris, dans le service marketing d’une société du CAC40. J’ai 23 ans, pis j’aime bien procrastiner devant mon ordinateur, dernièrement sur fukung.net que j’ai découvert il y a peu.

 

Comment t’es venu cette idée de partir au Japon ? Cadre scolaire non ?

Tout à fait, un séjour à l’étranger d’un semestre fait partie de mon master 1. Ayant un niveau d’anglais suffisant pour ne pas me voir imposer de partir dans un pays anglophone j’ai pu choisir sans contrainte (si ce n’est celle des partenariats existant entre mon école et les universités étrangères) où m’expatrier quelques mois. Il faut savoir que bien que lecteur avide et régulier de manga, et apprenant le japonais depuis déjà 3 ans, depuis le collège déjà je connaissais l’histoire japonaise, et un peu la culture à travers des films de samurais et de policiers. En plus, je me suis dit que quitte à partir, autant partir loin, aller en Europe n’aurait pas été assez dépaysant, le Canada c’est pour les débutants et le tiers-monde aurait été pour le coup un peu trop violent.

 

· Tu es parti quand et combien de temps y es-tu resté ?

 

Parti en Septembre jusqu’en Février, soi grosso modo 5 mois.

 

· Combien de temps as-tu muri ce projet avant de le réaliser ?

 

Dans mon école les dossiers de candidature pour les départs à l’étranger sont différents d’un pays à l’autre, le Japon est un des premiers du fait du décalage des semestre d’enseignement si l’on prend le système français en référence. De là vient qu’en quelques mois, la décision et le dossier étaient prêts. Une fois ma candidature validée, il a juste fallu rechercher un logement, ce qui a été fait à la fin de l’année scolaire précédent mon départ, en coordination avec deux autres personnes de ma promotion intégrant la même université.

 

· Comment a réagit ton entourage à ta décision de voyage ?

 

Des pleurs, des prières, voire des suicides ! Plus sérieusement il faudrait leur demander mais, je dirai que cela s’est plutôt bien passé, mis à part que ma mère était un peu inquiète que pour la première fois que je quittai la maison ce soit pour aller aussi loin, là où elle aurait bien du mal à me venir en aide en cas de pépin.

 

· Tu restes en contact avec tes amis ?

 

Les amis que je me suis fait là-bas ? Hé bien sans surprise je dirai que certains oui, d’autres non. J’ai revu plusieurs fois un franco-japonais que j’ai connu là-bas, et également une fois un japonais qui est venu étudier un an en France. Sinon Facebook et emails permettent de garder un contact, à l’occasion d’anniversaires par exemple !

 

· Tu as du obtenir un visa ?

 

Oui, puisque je n’ai ni la nationalité japonaise ni un passeport diplomatique !

 

· Combien de temps t’ont pris les démarches administratives ?

 

Alors là c’est complexe comme question, car par exemple préparer le dossier de candidature pour l’université d’accueil que je visais, avec les lettres de motivations, les certificats, les preuves de pouvoir d’achat et cetera je vois ça comme de l’administratif. Mais pour ce qui est du Visa, une fois le tampon de l’université en poche ça a pris quelques jours, de mémoire j’ai amené mon passeport un Mardi au Consulat, et le Jeudi il était prêt.

 

· Et le coût du voyage il se monte à combien ? Le coût moyen par jour au Japon, c’est quoi?

 

Le voyage tout dépend de la chance et de la prévoyance, la prévoyance car les billets pris plus tôt sont moins chers, et la chance car des fois tu tombes sur une promo. Perso l’aller-retour a coûté 800€. Au Japon le coût moyen c’est essentiellement le logement et le transport, la nourriture est peu chère. Je payais pour une mini-chambre quelques 450€ par mois, avec un taux de change favorable, plus qu’il ne l’est aujourd’hui, et 45€ pour mon transport domicile-université (chaque digression de ce trajet doit être payée comptant…).

 

· Comment se sont déroulés les premiers jours ?

 

J’ai découvert le quartier où j’allai vivre, on a essayé sans succès avec mes camarades d’aller à l’université, on s’est retrouvé pris sous l’orage sans parapluie, c’est là qu’on a découvert les parapluies jetables qu’achètent les Japonais dés que ça drache. Ca a été l’occasion des première expériences culinaires, avec l’achat de plats tous prêts au konbini local (Google est ton ami), ce qui est a posteriori une grave erreur car la nourriture n’y est pas plus bon marché qu’ailleurs et vraiment pas terrible. Pour trouver les bons coins il faut tester, et surtout se faire conseiller des endroits par des japonais ou mieux, c’est triste à dire, par d’autres européens ou occidentaux, aux goûts plus proches des nôtres. L’échappatoire restant le McDonald, le KFC et autres prodiges de la cuisine de l’homme blanc.

 

· Et au niveau langue, tu parles un peu le japonais ?

Chotto.

 

· Quels sont les gros soucis que tu as pu rencontrer ?

 

Alors, il faut savoir qu’avec deux potes vivant dans la même résidence et une université qui est là pour nous aider (ils ont une administration compétente, eux), il est difficile de rencontrer de graves problèmes. Celui que je citerai est la banque. En effet suite à une mauvaise information donnée par mon conseiller bancaire, je ne pouvais pas retirer au japon, sauf à payer une commission à chaque fois, de 5% du montant, j’y ai laissé plusieurs centaines d’euros… Pas de quoi contracter un prêt personnel, mais tout de même. Donc un conseil, ouvrez un compte à HSBC (pub inside) si vous venez au pays du soleil levant.

 

· As-tu vécu des aventures là-bas, une anecdote intéressante à nous faire partager?

 

Des aventures, comme tu y vas ! Hé bien, il est difficile de se repérer dans Tokyo, il n’y a pas de noms de rues, du coup prendre le métro et se repérer grâce à lui est primordial. Hé bien le soir avant mon départ, soirée goodbye oblige, je suis resté tard dans un bar, et il est venu une tempête de neige sur la ville. J’ai donc du rentrer, à pied, en suivant le métro tant bien que mal, avec une part non négligeable d’éthanol dans les veines, pour un départ le lendemain matin pour l’aéroport. Hé bien j’ai réussi, et je n’en suis pas peu fier !

 

· Qu’est-ce qui t as manqué le plus la-bas ?

 

Du temps, pour visiter d’autres îles et d’autres villes et paysages.

Blague à part je dirai la nature, Tokyo est étouffante, et je viens d’un coin de France où où que l’on regarde la nature est là.

 

· Quelles sont les plus grandes différences entre ce pays et la France d’apres toi ?


Il est radioactif.
Plus sérieusement, technologiquement le Japon est largement devant, mais au niveau historique les villes japonaises ne sont pas des villes-musées comme en Europe. La mentalité des gens est différente, on cherche plus à éviter les conflits qu’en Occident, on cherche à ne faire perdre la face à personne. Mais là encore les hommes restent les mêmes, seuls les moyens vu comme légitimes pour arriver aux fins diffèrent. Ah et à pas un seul moment on ne se sent menacé au Japon. Dans n’importe quelle banlieue, dans n’importe quel métro, à n’importe quelle heure.

 

· Au niveau de la politesse par exemple, on sait qu’ils sont très à cheval dessus, comment cela s’est passé ?


Oui et non, toit tu es le « gaijin », l’étranger occidental dont on ne lui en veut pas qu’il ne puisse saisir la complexité japonaise. Nous dire que nous sommes grossiers serait nous faire perdre la face (cf. plus haut), et un étranger au Japon est vu comme un invité (cf. immigration zéro), c’est donc aux japonais d’être polis. Maintenant on voit la différence quand on entre dans un magasin, les gens nous remercient d’être entré, et d’être venu même si on n’achète rien, quand en France un soutire est rare, pas étonnant que les japonais soient choqués quand ils achètent des parfums en duty-free à Paris !

 

· Les lieux qui t’ont le plus marqué, c’est quoi ?


La mairie de Shinjuku, un des plus hauts bâtiments en libre accès de Tokyo, avec une vue impressionnante à la clef, Hiroshima, et les temples de Nikko.

 

· Tu prépares un prochain voyage là-bas dans un avenir plus ou moins lointain ?


Lointain oui, car je veux voir les Etats-Unis, et le Chili avant d’y retourner ! Mais j’y reviendrais, en touriste, avec plein de temps et (j’espère) plein d’argent devant moi ! :p

 

· Aimerais-tu vivre au Japon ? Oui, non, pourquoi ?


Non. Je n’ai pas en moi le courage d’apprendre la langue, et j’ai peur de ne jamais être intégré. Et vu qu’il me reste encore quelques amis en France je vais y rester jusqu’à ce qu’ils se découragent !

 

· Dernière question, si tu devais donner un dernier conseil aux personnes qui voudraient venir s’installer et travailler au Japon, quel serait-il ?

 

Gardez de quoi vous payer un billet de retour. Enfin ce que je veux dire c’est que à moins d’y être et d’y vivre justement, vous ne savez pas ce qui vous attends !

 

· Comment réagis-tu face aux derniers évènements au Japon ?

 

Les gens que je connais ont eu leurs proches épargnés, donc je suis rassuré pour eux. Après je me dis que décidément, la technologie ne vaincra jamais tout risque, mais que s’il y a bien peuple pour me démentir ce sont bien les japonais !

 

· Comment expliques-tu le calme apparent ?

 

A quoi servirait de s’exciter ? Les japonais sont unis, la police et les yakuzas aident la population quand ils le peuvent, il n’y a pas de division quand le pays est en crise. De plus il y a une vraie confiance entre les japonais, aucun ne se dit que l’autre va voler ou chercher à profiter de la situation, il y a encore des normes sociales fortes dans ce pays. Pour mémoire, lors des émeutes de Los Angeles, les choses s’étaient passées différemment, avec des tentatives de pillage qui se sont soldées par des dizaines de morts, comme quoi un M16 ça peut piquer.

 

· Cela te fait peur pour la suite, ce genre de cataclysme ?

 

Non, enfin ça dépend pour qui. Quiconque habite près de la mer et près d’une zone d’activité sismique devrait se poser des questions, mais à Paris je pense que niveau tsunami, tremblement de terre et explosions nucléaires ont est plutôt à l’abri.

 

· As-tu des amis qui sont ou ont vécu ce genre de situations? Comment ont-ils réagi à ce moment là ?

 

Je l’ignore. J’ai cherché à savoir s’ils allaient bien, pas vraiment à leur remettre en mémoire ce moment.

 

Merci à Johan pour ce témoignage. On n’a pas pu se voir à Paris pour cause de mariage polonais (pas le miens ^^) mais ce n’est que partie remise !