Tanzanie – 5 décembre, 22h, je débarque à l’aéroport de Kilimandjaro. La nuit m’enveloppe. La sortie de l’avion est comme une gifle, l’atmosphère est suffocante. Je me retourne. Pas de doute, j’ai bien laissé l’hiver sur le tarmac, siège 34 C. Je laisse tomber quelques couches de vêtements avant de finir en éponge. Je passe au travers des formalités administratives sans sourciller. Je ne suis vacciné en rien mais je suis optimiste en tout. J’imagine que malaria et fièvre jaune me contourneront, comme le nuage de Tchernobyl a contourné la France. Certains diront qu’il n’y a pas de remède à l’inconscience, peut-être n’ont-ils pas tort. Une fois les bagages récupérés, tout le monde se dirige, empressé, en direction des bras tendus et des noms griffonnés sur les pancartes. Triste constat, personne ne m’attend dans le hall d’arrivée. Pas de pancartes à mon nom ni de visage familier. Je soupire. Cela ne devait pas être le cas. Le hall se vide et je me retrouve seul, l’air penaud. Mon contact reste injoignable. Au dehors, les chauffeurs de taxi guettent mes moindres gestes comme des prédateurs à l’affût. Ils savent que je suis vulnérable. Pour sortir, je devrai passer par leurs griffes. Au fond de moi, je savais que cela serait ainsi. Allons-y à la débrouille, à l’instinct, “à l’arrache”, évoluons au gré des circonstances. Ramer c’est éprouver sa volonté. Je m’accommode d’ailleurs très bien des imprévus, leur trouvant toujours un charme délicat à posteriori. Tout voyageur est un contorsionniste de galères dans l’âme. La vie serait bien fade si tout était parfaitement réglé sur du papier millimétrée, bien que sur le coup, avouons-le, c’est plutôt l’agacement qui l’emporte. Après avoir usé du wifi balbutiant durant une bonne demi-heure, je jette mon dévolu sur une auberge à Arusha ayant de bonnes recommandations. C’était cela ou avouer mon impuissance au conducteur de taxi et se retrouver, peut-être, dans un hôtel hors de prix. Mon portefeuille n’est pas d’or et je n’ai pas le toucher de Midas, hélas. Quant au fait de trouver une compagnie viable avec laquelle effectuer l’ascension du toit de l’Afrique, une nuit de sommeil me portera conseil, demain, nous verrons bien.

 

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