Nos vies, semblables à des icebergs flottant sur les eaux tourmentées du quotidien, ont toutes eu une partie que l’on souhaite des plus flamboyantes au dessus des eaux. Et puis il y a l’autre partie. La partie où siège les eaux sombres de nos doutes, de nos peurs, parfois de notre souffrance. De cette année 2014 qui s’est terminée sous la neige des Carpates en Pologne, de mes écrits, tu ne retiendras sans doute que mes nombreux voyages, de belles aventures, des photos colorées aux noms rêveurs. C’est une partie de ma vie. C’est en effet une partie de ma réalité. Mais cela ne reste au final que la belle partie. Celle que je pourrai épingler sur le frigo. Celle que les gens “aiment”. Celle que l’on attend de moi et que je vous partage comme on partage un sourire le matin. Mais la vie, la vraie, ne s’est jamais résumée à cela. La mienne ne fait pas exception. Mais crois-moi, ce texte n’est pas une complainte mais une ôde à la résistance et à la poursuive de ses rêves…
Une chute et des doutes
Janvier 2014, toutes ces années de travail, ces nuits blanches, acharné, passées sur ce blog voyage lancé en 2011, tout, mon rêve, mes aventures, mes projets… tout faillit s’arrêter brutalement. Tout. Tel mon coeur qui au son du “nous” avait oublier de battre les heures.
En début d’année, j’étais, comme tant d’autres, le témoin anonyme et la victime indirecte entre le combat d’un géant, Google, contre feu la fourmi Buzzea, une plate forme publicitaire pour blogueurs. Et moi, simple grain de poussière tourbillonnant au milieu de la bataille. C’est là que la réalité concrète aux règles si flous et ratifiée dans des bureaux feutrés à des milliers de km te rattrape. Tu es à terre mais tu n’as aucun visage à qui rendre les coups. C’est brutale. 90% de mes revenus envolés. Lorsque Dieu Google te renie, tu n’existes plus. Tu deviens une sorcière que l’on brûle sur un bûcher virtuel. 500 euros de revenus en 4 mois parce que certains m’ont fait l’aumône. Maigre pécule qui, même en Pologne, ne te promets pas de lendemains qui chantent. Les revenus d’un blogueur voyageur sont plus aléatoires que les caprices des saisons. Et je me disais “Hein, tu fais quoi maintenant, tu fais quoi ? T’as plus rien, alors tu fais quoi ?” Tu te regardes dans la glace et tu découvres les rides des années que l’on vient de te déposséder.
Dans la poche, j’avais déjà le billet pour l’Inde, le Zanskar, lorsque tomba le couperet. Le choix était simple. M’apitoyer sur mon sort, avouer ma faiblesse, affirmer la victoire des maitres sans visages n’était pas en option. La fuite dans l’abyme, j’avais testé, cela n’apporte rien. Un trek sur une rivière gelé à 3000m d’altitude, c’était plus tentant. Je me suis rappelé des paroles d’un contrebandier rencontré à Odessa, en Ukraine. “Lorsque le destin t’emmerdes, crache-lui à la gueule !” Cette façon plus directe de voir les choses me correspondait mieux.
La veille de ma tentative sur le Stok Kangri, une ascension hivernale sur un 6000m aux portes de l’Himalaya dont la perspective me pétrifiait, vint subitement la réponse. Dans le calme glacé de ma nuit à Leh, c’était évident. Puisque je jetais ma vie sur les pentes glacées le lendemain, à quoi me servirait bien un blog que je pensais au seuil de l’agonie. A rien. Bien Voyager n’avait plus d’importance. L’admettre était un soulagement. Une délivrance. Si le blog était peut-être fini, moi, je pouvais me relever.
La rébellion du grain de sable
Je ne me laissais pas abattre. Ce n’est pas le manque d’argent qui me faisait peur. J’étais trop fier, trop obstiné, trop enragé pour ne pas agir. 1001 pas est donc né en mars, à mon retour d’Inde. C’était ma nouvelle page blanche. Un blog outdoor qui, en moins d’un an, rassemble environ 15 000 personnes par mois et une communauté active de plus de 4500 fans sur facebook. Je me suis alors lancé dans une course effrénée de projets, de collaborations, d’aventures. Relançant également, par la même occasion, mon navire amiral, le blog de voyage Bien Voyager. J’avais décidé que si je devais chuter au pied de mon rêve, je ne le ferai pas sans combat.
De cette volonté d’expérimenter, de lutter au jour le jour pour ma survie, j’ai compris que je ne pourrai être toujours seul. Mes débuts à travailler en solitaire. A ne compter que sur moi. A croire seul en mes projets puisque personne ne le ferait à ma place. Moi. “JE”. Ce “je” égoiste a toujours été ce “je” qui existe tel un doigt d’honneur adressé à ceux qui pensaient me caser gentiment quelque part.
Une simple citation changea peu à peu mon approche. “Seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin” Car oui, les mots ont une force. Ils ont un réel pouvoir. La preuve, ces mots éparpillés en des centaines de textes m’ont bien fait vivre ces dernières années. Et puis ce texte, partagé 23 000 fois qui en a convaincu plus d’un à sortir de son silence pour me faire part de son premier voyage. De son émotion en parcourant mes mots qui résonnaient en certains depuis toujours mais qui n’avait jamais été murmurés à voix haute.
Pourquoi tu devrais partir voyager seul pars et maintenant.
J’avoue que le processus fut lent à mûrir. Je devais apprendre à faire confiance. A collaborer avec le talent des autres. A travailler pour une réussite commune et non seulement la mienne.
Le début d’une nouvel aventure
Est né alors le projet de la TeamAventuriers réunissant Nicolas d’Escales Nordique, François d’un Monde d’Aventures, Gregory d‘I-Trekkings ainsi que David de Carnets de Rando. Chose amusante, nous étions plusieurs a avoir senti que c’etait “le moment” pour la création d’un tel collectif outdoor. Notre collaboration fut comme une poursuite naturelle de nos expériences individuelles. Le but de la #TeamAventuriers? Devenir une référence dans l’outdoor. Un levier de visibilité pour les projets d’aventures francophones dont les nôtres. Lancé le 17 décembre, nous avons déjà réuni une communauté passionnée et active de plus de 3000 fans. Une participation extraordinaire.
S’en suivi, le 1 janvier, le lancement de #30Déclics. Un autre projet collaboratif avec 29 autres blogueurs talentueux qui partagent chaque jour entre 3 et 4 photos et anecdotes de leurs voyages. Uniquement des photos. Chaque jour un blogueur différent afin de faire le tour du monde en images 1500 fans nous ont rejoint en quelques jours et mon but est d’en réunir 100 000 d’ici 2 ans. Autant viser la lune pour décrocher les étoiles.
Pour ces 2 projets, l’envie de travailler ensemble était là. Elle était présente dans l’air comme un murmure à peine audible. Je ne fus qu’un simple catalyseur de ce désir. “Faisons-le maintenant, faisons-le ensemble” aurait pu être ma devise en ces derniers jours de décembre.
Est-ce que ces 2 projets réussiront ? Je ne sais pas. Peut-être. Je l’espère. Il est à la fois grisant et effrayant de se dire que la réussite de ces projets repose autant sur mes épaules que sur celles de ceux qui ont souhaité poursuivre l’aventure à mes côtés. La route est longue, elle est difficile mais je ne suis plus seul. A vrai dire, je suis heureux de m’en etre rendu compte a temps. En un sens, seul, je ne l’ai jamais ete mais j’ai bien failli le devenir.
Tout cela pour vous dire que…
Oui, j’ai sans doute une vie “de rêve”. Une vie enviée par beaucoup mais cela comporte beaucoup de sacrifices. Des concessions, des batailles tous les jours pour que tout ne se termine pas le lendemain. Quel que soient vos rêves, il vous faudra travailler dure et ne jamais lâcher prise pour les voir se concrétiser. Il y aura des moments difficiles, peut-être des échecs mais nous sommes faits pour nous relever. Il ne faut pas abandonner. Il faut y croire. Même s’il n’y a plus que vous. Surtout s’il n’y a plus que vous. La route sera longue, elle sera solitaire, au moins au début mais cela sera un beau voyage. J’espère que 2015 nous réserve de belles surprises. Mais quoique nous trouvions sur notre chemin, faisons face ensemble pour affronter les difficultés !
Quelques aventures marquantes en 2014
- Je suis monté jusqu’à 6875m seul, en tentant de gravir l’Ojos del Salado, le second plus haut sommet d’Amerique.
- J’ai effectué 3 magnifiques treks de près de 200km.
- Le trek du Chadar
- Le tour du mont Blanc
- Le Waitukubuli National Trail en Dominique
Quelques couacs matériels et de santé
En plus de mes soucis financiers en début d’année, tout n’est pas non plus allé pour le mieux niveau santé. J’ai souffert d’une imflammation de ma voute plantaire lors ma tentative de marcher 140km non stop. A la suite de mon tour du mont Blanc où j’ai forcé avec mon genou, ce qui a donné une bonne tendinite, j’ai du annulé ma tentative d’ascension de l’Elbrouz ainsi qu’un trek en Islande.
Et je ne vous parle pas des pertes matérielles. Mon objectif photo Canon Serie L 24-70 dont la bague est cassée (toujours non réparé à ce jour). Ma GoPro 3 gisant au fond d’un lac au Perigord, mon smartphone qui n’a pas aime son bain dans un lac finlandais lors d’une sortie en kayak. Ma tente interne d’expédition qui s’est envolée sous les bourrasques alors que je la démontais au Chili…
Voici la liste de mes voyages effectués en 2014
Je n’espère pas “en faire plus”. Je me fous du nombre. Je ne compte plus… pourquoi faire ? Mais j’espère en faire d’aussi intenses !
- Laponie finlandaise
- Berlin
- Inde
- Jordanie
- Amsterdam
- Pologne – Basse Silesie
- Croatie Montenegro
- Québec
- Périgord
- Finlande
- Ubaye
- Tour des Alpes
- Malte – Gozo
- Chili
- Dominique
- Carpates Polonaises
Bonjour, je me souvient très bien du voyage en Jordanie et ton super récit en deux partis
je rembobine les photos là où j'écrit ces quelques, le charme, la convivialité et la magie
et pour terminer on est tous Charlie:-(