Cela sera le dernier récit “à chaud” concernant la Nouvelle-Zélande. Les prochains articles feront la part belle aux images issues de mon appareil photo et aux extraits de mon carnet de voyages. Une galerie d’une centaine d’images instagram de la totalité de mon voyage en NZ prises au smartphone (comme celles de l’article) vous attend en fin d’article… ceci étant dit, permettez-moi de vous parler de la découverte du paradis.
C’est quoi un paradis ? Y a t-il une définition commune ? Certainement pas. Certains trouveront leur bonheur dans la contemplation d’une rose dans leur café au Starbucks à NYC, d’autres se perdront dans le sourire de l’être aimé après avoir fait l’amour, pour certains le bonheur sera lorsque leur équipe remportera le trophée du championnat. Mon bonheur à moi est solitaire. Il est contemplatif. Il semblait irréel, innaccessible… jusqu’à que je vienne ici.
Lac Tekapo : mon paradis
Certains ne font qu’y passer, tels des fantômes avalés par le goudron qui les mènent à Queenstown. Pause photos, pause pipi, pause souvenirs. Ils ne verront rien, ne ressentiront rien, ou si peu, et croiront avoir vécu. Ils auront “fait” le lac Tekapo. Est- ce la course folle des destinations qui les a rendu si insensibles ? Vivent-ils pour les clichés et non pour les émotions ? Ils sont en transit entre deux villes, entre deux voyages. J’ai failli faire parti de ceux-là.
C’est le fruit d’un hasard, d’un pouce levé sur la route de Christchurch, qui m’a amené en ce lieu. Le hasard a un coeur d’or et il doit m’apprécier. Je ne devais y rester qu’une nuit avant de filer vers Mount Cook. Cela fera bientôt 3 jours que j’y réside. Je voudrai pouvoir poser mes maigres bagages et voir le soleil se coucher encore et encore, les semaines, les mois et les années qui défilent. Si un jour, je décide de fuir le monde qui m’entoure, je viendrai me ressourcer ici, en Nouvelle-Zélande, au lac Tepako. Cela sera mon cocon. Mon havre de paix. Ma Rivendell.
Au bord du lac, il y a cette petite ville qui tient dans le creux d’une main. Quelques maisons, quelques restaurants, une église, des pommiers, des sources thermales, une patinoire, un observatoire en haut d’une colinne… Il y a ces montagnes aux sommets chantilly qui vous hypnotisent. Il y a ces paysages vallonnées et ces sentiers où l’on ne croise nulle âme après des heures de marche. Souvent, il n’y a même plus de sentiers, il ne reste que quelques forets éparses qui prennent des éclats d’or et de feu alors que l’hiver approche et que notre regard se perd sur les murailles blanches, au loin.
J’aurai tant aimé avoir passé mon enfance insouciante ici. Liberté, égalité, fraternité… Cela fait longtemps que ces valeurs ont été bafouées à mes yeux. Dans mon paradis, personne pour vous lancer une pierre au visage, vous cracher dessus, vous humilier car vous êtes étranger. Et si la nature humaine aurait tout de même voulue corrompre ce lieu, alors j’aurai pu fuir au milieu des montagnes, des vallées, des immensités vides, d’un lac à la couleur irréelle. Les colinnes environnantes auraient alors asséchés ma colère et ma rancune et j’aurai refait le monde dans les fourrés. J’aurai probablement fait l’école buissonnière plus d’une fois. On ne peut rester enfermer entre quatre murs ici… à moins qu’il fasse nuit et qu’un bon feu nous attende. Adolescent, je serai parti le coeur léger par un soleil d’été matinal, main dans la main, avec une jeune femme au regard pétillant, aux courbes savoureuses et au sourire malicieux. J’aurai connu mes premiers émois dans un vallon, au bord du lac, le ciel étoilé aurait été le gardien silencieux de nos ébats et la rosée du matin nous aurait cueillit, fatigués et rougissants.
Pour quelques billets en vue de l’achat d’une moto, j’aurai loué mes services de guides aux quelques aventuriers ou alors j’aurai été réceptionniste dans une auberge de jeunesse, bercé par les histoires d’autres voyageurs. J’aurai pu réparer les moteurs d’avion dans le petit aéroport du coin et je me serai envoyé en l’air bien avant mes 16 ans. La barbe naissante, je serai partie en expédition, pour quelques semaines, mon sac à dos, un cheval et moi autour du lac. J’aurai gravi quelques sommets et je me serai approché des glaciers. J’aurai tant aime passé mes premières années ici… loin de tout, loin de ce monde qui rend fou. Mes aventures quotidiennes auraient construit ma personnalité brique par brique. Cela aurait été du solide… du costaud, fait pour durer. Je ne serai sans doute pas la grande tige au visage poupin que je suis devenu et qui du mal à trouver sa place en ce monde.
Ce lieu parle à mon âme comme si ma place a toujours été ici. C’est la carte postale de mon existence. Mon plaisir ce n’est pas la foule dense, ni une île perdue avec un sable blanc et fin et un hamac sur lequel je ressasserai mon ennui. Mon bonheur il est loin des Hommes. J’aime marcher des heures dans des lieux aux paysages changeant sous mes pas, vidé mon esprit, libéré mon coeur, hurler mon plaisir de vivre l’instant, chanter faux car personne ne m’entend et la nature silencieuse n’à que faire d’un joyeux vadrouilleur.
J’aime trouver un banc échoué au milieu de nulle part, laissé là comme une bouée pour que notre regard s’accroche aux paysages fantastiques qui s’offrent à nous. Mon bonheur est solitaire. Il n’en pas toujours été ainsi… mais les parents travaillant de nuit, les horaires d’école à la française qui nous conditionnent déjà au triste métronome de notre vie plus moribonde qu’active, et une certaine hyper-sensibilité, ne m’ont pas toujours apporté les retours espérés. La nature, elle, ne juge pas. Je ne blâme personne. D’autres ont vécu et vivent bien pire.
Je ne veux pas partir. Je ne veux pas partir, Je suis le papillon de nuit attiré par la lumière et le lac Tepako est ma flamme. Je ne veux pas partir mais je le dois. J’ai envie de jeter mon ancre et de connaitre chaque pierre, chaque recoin de la région et de voir mes cheveux blanchir sous le vent et les ans. J’ai envie de monter à cheval et de le lancer d’une descente au galop en hurlant. Je reviendrai, point de doute là dessus… Il n’y aura pas de billets de retour qui m’attendra, pas d’autres voyages. Il y aura la liberté de regarder les saisons qui passent sous mes rides naissantes. Si je ne m’arrache pas de ce lieu, je n’en partirai jamais… ce monde regorge probablement d’autres pépites et j’espère souffrir encore de nombreuses fois, comme je souffrirai demain, lorsque la route me mènera ailleurs…
En attendant, je vous livre toutes mes photos prises avec mon smartphone et publiées à ce jour sur instagram.
Vous pouvez me suivre ici : http://instagram.com/bien_voyager
Cliquez pour agrandir les images en mode galerie 😉
Super article, qui plus est original. Et tes photos sont très sympas !
Tes photos sont sublimes, elles invitent au rêve et au calme… Je n’arrive pas à croire qu’elles aient été prises par un simple Smartphone! Ca montre bien l’incroyable beauté des lieux!
On sent l’histoire d’amour entre vous et ce lieu rempli de magie, mais la Nouvelle Zélande ne laisse personne indifférent je crois…
Superbes photos, et seulement avec un smartphone ? C’est juste magnifique… Je comprends que tu en fasses ton paradis, je comprends aussi ce rêve impossible de revenir en arrière et choisir l’endroit où passer son enfance, j’y pense souvent quand un endroit me plait et comme toi, j’imagine ce que je serais devenue si seulement je n’avais pas grandi ici … On ne peut pas changer les choses mais on peut découvrir ces lieux, avoir la curiosité de s’échapper de ce que l’on est pour se les approprier en tant qu’adultes, comme tu le fais ici, ils nous changent et nous font réfléchir à ce que nous sommes … c’est ce qu’il y a de plus beau dans le voyage : non par voir, mais vivre ..
C’est déstabilisant à quel point des endroits, complètement étrangers, peuvent s’imposer comme des évidences.
Un lien se crée en quelques secondes, on sait d’avance que l’on va y repenser avec un manque, tant cet endroit est devenu… personnel en quelque sorte.
Cette connexion immédiate, ce sentiment de “paradis”, je l’ai ressenti tout près de la Nouvelle-Zélande, en Tasmanie.
J’apprécie la manière avec laquelle tu mêles récit intimiste, des petites pastilles sur ton enfance, et récit de voyage plus classique.
NowMadNow
Super les photos!
Mais j’ai pas compris, ce sont les photos de ton smartphone? Car avec mon S3, cela donne pas trop.Tu les retouches ensuite j’imagine?
Photos du smartphone postées sur Instagram 😉
Bonjour! Merci Piotr. Ce sont les belles photos du lac Tekapo. Je sais que ce lac est la deuxième lac plus grand de New zealand. Il ya des montagnes blanches, l’eau en vert, et une petite cathédrale…De plus, ce lac contient un paradis de fleurs “lupines” romantique. 😉 Superbe et plus passioné. Avez vous les photos de cette fleurs? Bonne journée
Y a pas à dire, la NZ, c’est magnifique… Quand je vois tes photos, je me demande si elle ne serait pas plus belle que l’Australie (si cher à mon coeur). Et je me dis que, pas loin de chez moi, à l’Ouest du Québec, au Canada même. il y a des paysages montagneux semblables. Je n’en ai pas encore profiter… je l’avoue. J’ai préféré partir ailleurs. Mais là, tu me donne envie de me rattraper en attendant un futur voyage en NZ. Hâte de voir le reste de tes photos (et articles)
SU-PERBE. Raaaaah ça me fait rêver ce pays. En ce moment, j’en entends parler de partout, ARRETEZ DE ME TENTER haha 😉
Encore de très belles photos, ton objectif t’a fait passé un sacré cap visiblement 🙂
Tres cher Bruno, si tu prenais le temps de lire ne serait-ce que les premières lignes l’article au lieu de courir comme un idiot et de placer ton commentaire avec ton lien, tu comprendrais que ce ne sont que des photos prises par mon smartphone (tu remarqueras qu’il n’y pas l’ancre “tour du monde” car je supprime tout les @_____
Le lien de ton blog a été supprimé sur ce commentaire.
La prochaine fois, je supprime le commentaire… voir même tous les liens des autres commentaires.
Je préfère des lecteurs silencieux aux blogueurs plaçant un lien
Je ne sais pas trop pourquoi mais la Nouvelle Zélande, ça ne m’a jamais attiré plus que ça. Alors là évidemment, je vais passer à tes yeux pour un fou ou même bien pire vu que c’était ton rêve. Mais à lire ta prose, j’aurais presque envie de sauter dans le premier avion. Bon j’exagère, je ne suis pas aussi impulsif, mais tout de même, encore un billet comme celui-ci et tu pourrais réussir à me faire ajouter la Nouvelle Zélande à la liste encore longue des pays à visiter !! À toi de jouer !!
Bonjour Laurent,
Attends les photos sorties de mon Canon 5D que j’aurai travaillé et je pense que ton choix sera rapide 😉
Superbes images ! ça donne envie de bouger !
Ton album photo se nomme “nez zealand photos” 😉
Il faut avoir du nez pour le remarquer Julien 😉
Un très beau texte…on pourrait presque s’en contenter, mais les photos montrent également un endroit qui a l’air extraordinaire!
Nugget Point bien sûr ! Et la troisième, Milford Sound. En quatrième je dirais la vue au sommet du volcan Tongario. Ce qui fait déjà pas mal pour un si petit pays.
Ouahhh… t’as fait du beau boulot avec ton smartphone! ça donne super! Me réjouis de voire la suite 😉 ( ça me fait penser qu’il faut que j’apprenne les rudiments de la photo avant de partir 😉 )
les rudiments sont simples 😉 I faut juste aimer, s’entraîner et trimbaler son matos… suis les articles d’Aurlie “madame oreille” ou les conseils de Laurent “apprendre la photo”
Magnifiques photos, qui font plaisir à voir par ce temps maussade en France ! Hâte de voir celles du Réflex 🙂
Je partage ton engouement pour le lac Tekapo. En roulant en NZ je n’avais aucune idée de ce sur quoi j’allais tomber. On lisait le bouquin et on allait voir. Parmi les claques que j’ai prises lors de ce voyage il y a eu ce lac. On était trois et personne n’a eu a demandé à l’autre de rester plus longtemps sur place. C’était une évidence.
Et c’est quoi les 2 autres claques Thibaut ?
Belle série de photos. Je comprends que tu n’arrives pas à partir.
dur en effet… je grapille mes dernières minutes
Quel talent !
Je suis assez d’accord avec ta définition du paradis 🙂
Merci… attends de voir les photos sorties non d’un smartphone mais d’un réflex 😉